« La France est « nerveuse » face à sa perte d’influence en Afrique », affirme Lavrov. « La voix solidaire de l’Afrique dans les affaires mondiales sonne de plus en plus juste. Cela est observable dans le rétrécissement de la sphère d’influence de la France en Afrique. »
« À l’heure de la guerre en Ukraine, les soutiens au régime russe sont de plus en plus visibles en Afrique subsaharienne, un indice de l’influence croissante de Poutine sur le continent. Gouvernants, opposants, militants panafricanistes sur les réseaux sociaux ou simples manifestants, qui sont-ils exactement ? » interroge TV5 Monde …
QUELS SONT LES RESEAUX PRO-RUSSES EN AFRIQUE ?
Julius Malema, leader de la gauche radicale sud-africaine : « Nous sommes là pour dire à l’OTAN et aux Américains que nous ne sommes pas avec eux. Nous sommes avec la Russie et aujourd’hui nous voulons remercier la Russie. Donnez-leur une leçon, nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial et nous sommes fatigués de recevoir des ordres des Américains ».
« Il y a une prolifération de chaînes Youtube qui relaient des discours déstabilisateurs. Ils créent un fossé entre l’Occident et les régimes africains et servent ainsi les intérêts russes », commente Mahama Tawat, chercheur à l’université de Malmö en Suède.
Comme eux, militants africains et partisans de Poutine ou abonnés sur les réseaux sociaux qui se comptent par milliers, multiplient ces derniers mois les interventions « anti-impérialistes » et favorables aux actions du pouvoir russe.
DES MANIFESTATIONS DE SOUTIEN
L’influence russe en Afrique se traduit aussi dans les rues de Bamako, N’Djamena ou Ouagadougou, où des manifestants hostiles à la présence militaire française au Sahel ont brandi des drapeaux russes. Elle se matérialise aussi par des offensives médiatiques.
Au Cameroun, la télévision « panafricaine » Afrique Média présente régulièrement des opinions pro-Kremlin dans le conflit avec l’Ukraine et invite régulièrement Kemi Seba. « Guerre Ukraine Russie : comment le leadership de Poutine fait paniquer l’Occident ? », « Projet d’assassinat de Vladimir Poutine : jusqu’où peuvent aller les Occidentaux ? », font par exemple partie des sujets débattus sur la page Facebook du média.
Ce terreau populaire pro-russe, dont il est difficile d’évaluer l’ampleur, est appuyé par la bienveillance de certains gouvernements africains envers le Kremlin.
Quand on analyse le vote de la résolution de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine, adopté à une large majorité, le 2 mars on constate que sur 35 pays abstentionnistes, seize sont en Afrique. À ceux-là, il faut ajouter l’Erythrée qui a voté contre, et huit États africains qui n’ont pas participé au vote.
« ce sont soit des régimes autoritaires qui se sont abstenus, soit des pays qui ont des liens historiques, souvent militaires, avec la Russie depuis l’époque du bloc soviétique », analyse le chercheur de l’université de Malmö en Suède, Mahama Tawat.
La Centrafrique ouvertement tourné vers Moscou
Certains gouvernements se sont même ouvertement tournés vers Moscou, comme en Centrafrique où le pouvoir a appelé la Russie à la rescousse, lors d’une offensive de groupes armés fin 2020.
Des centaines de paramilitaires russes, des « mercenaires » du groupe Wagner selon l’ONU, sont venus renforcer ceux déjà présents dans le pays depuis deux ans.
La Centrafrique est le théâtre depuis 2013 d’une guerre civile, très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d’intensité depuis 2018 grâce à la Russie. Fin 2020, les plus puissants des nombreux groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers du territoire avaient lancé une offensive sur Bangui et Faustin Archange Touadéra avait appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie. Des centaines de paramilitaires russes avaient alors rejoint les quelques centaines déjà présents depuis 2018, permettant de repousser l’offensive des rebelles puis de les refouler d’une grande partie des territoires et villes qu’ils contrôlaient.
Madagascar a signé discrètement un accord de coopération militaire avec la Russie en janvier comme nous l’explique notre correspondante à Antananarivo.
Plus récemment, le Mali, qui a sommé les forces françaises de partir, a reçu des équipements militaires russes dont deux hélicoptères de combat, en vertu d' »un partenariat sincère et très ancien », selon l’armée.
Bamako accueille également un grand nombre « d’instructeurs russes », encore des paramilitaires de Wagner, selon la France et ses partenaires.
Tanzanie et Ouganda coopèrent avec les Russes
L’Afrique anglophone ne fait pas exception. En 2016, la Tanzanie et la Russie ont signé un accord de coopération militaire incluant l’entraînement de soldats africains dans des académies russes.
En Ouganda voisin, le fils du président Museveni, le puissant général Muhoozi Kainerugaba, a récemment affirmé un soutien sans ambiguïté à Vladimir Poutine.
« La majorité de l’humanité (qui n’est pas blanche) soutient l’action de la Russie en Ukraine. Poutine a absolument raison ! », tweetait fin février ce proche conseiller de son père.
Un terreau fertile : le début de l’offensive russe en Ukraine a coïncidé avec un boom des partages « d’infox », reprises en choeur par de nombreuses pages « panafricanistes » sur les réseaux sociaux.
Les angles d’attaques étaient récurrents : défendre la légitimité de l’invasion de l’Ukraine et montrer la supériorité militaire de la Russie.
« MACRON-POUTINE : FAKE NEWS, INFLUENCEURS, BARBOUZES… LES SECRETS D’UNE GUERRE DE L’OMBRE EN AFRIQUE » (DIXIT JEUNE AFRIQUE)
« Longtemps passives face à l’offensive de Moscou, les autorités françaises se sont résolues à riposter. Avec un objectif clair et assumé : dénigrer l’action des Russes et de Wagner en Centrafrique, au Mali et au Sahel (…) Par le biais de ses attaques informationnelles, la Russie cherche à accroître le sentiment antifrançais. »
Cette guerre, confiér au cyber-command du général Iannis, a été perdue par Paris.
« La Russie livre-t-elle une guerre par procuration contre la France en Afrique? », interroge Le Figaro (ce 3 février) : « En parallèle à sa guerre en Ukraine, Moscou prend position dans l’ex-pré carré français en s’inspirant des pratiques qui ont fait d’elle le maître du jeu en Syrie. Le Burkina Faso a demandé à la France de retirer ses forces spéciales engagées dans le combat contre le djihadisme dans le Sahel. Ce retrait s’inscrit dans une tendance au repli de l’ancienne puissance coloniale en Afrique alors que la Russie à travers le groupe Wagner mène une offensive idéologique sur le continent pour parachever son implantation militaire. »
« LA RUSSIE EST-ELLE EN TRAIN DE CHASSER LA FRANCE DU CONTINENT AFRICAIN? » (LE FIGARO)
« Oui. Avec un effet domino qui pourrait atteindre plusieurs pays. Après la République centrafricaine et le Mali en 2022, l’armée française quitte le Burkina-Faso, partout chassée par Wagner et les pouvoirs locaux. (…) Dans les trois capitales, les drapeaux russes fleurissent sur les bâtiments officiels et le sentiment antifrançais s’enflamme.
« LA DESINFORMATION RUSSE AFFAIBLIT L’INFLUENCE FRANÇAISE ET LA REMPLACE » (BBC)
« Un important réseau social qui soutient les idéologies pro-Kremlin et anti-occidentales aide la Russie à déplacer la France dans plusieurs de ses anciennes colonies en Afrique. Connu sous le nom de Russosphère (sphère russe), les postes typiques y suivent la ligne officielle russe et accusent la France de « colonialisme » contemporain, louent Vladimir Poutine et qualifient l’armée ukrainienne de « nazis » et de « satanistes ». »
Selon les experts, « ces fausses informations (sic) entretiennent la méfiance entre les pays africains et l’Occident et diminuent le soutien à l’Ukraine sur le continent. »
La russosphère se décrit comme « un réseau de défense de la Russie ». Composé de plusieurs groupes de médias sociaux sur différentes plateformes, il a été créé en 2021 mais entièrement lancé en février 2022 – quelques jours seulement avant l’invasion russe de l’Ukraine. Le réseau a rapidement gagné plus de 40 000 abonnés.
Après l’invasion, l’accès aux médias officiels russes a été soit limité, soit interdit sur toutes les plateformes de médias sociaux populaires. En revanche, la sphère russe a immédiatement commencé à utiliser Facebook, YouTube et Twitter, ainsi que Telegram et VK, l’équivalent russe de Facebook.
Cette découverte intervient à un moment où les relations entre la France et plusieurs pays africains se détériorent rapidement, ce que les analystes attribuent en partie à l’influence du Kremlin et à une montée de l’humeur pro-russe alimentée par la propagande.
Le réseau remonte à un homme du nom de Luc Michel Dans le passé, M. Michel a travaillé pour légitimer les votes dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie :
EODE a organisé la Mission internationale de monitoring du Référendum d’auto-détermination en CRIMEE et à Sébastopol les 14-17 mars 2014, condition indispensable de sa validité et défi à l’OTAN et à l’OSCE, à qui elle a damné le pion : « Au moment où il bloquait les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Poutine en faisait venir d’autres via le Eurasian Observatory for Democracy and Elections (EODE), organisation non gouvernementale créée et administrée par (…) Luc Michel, afin de tenter de légitimer le référendum du 16 mars 2014 en Crimée » dit la revue de l’IFRI (Cfr. « Crimée : les contradictions du discours russe », par Jean-Baptiste Jeangène Vilmerin, in POLITIQUE ETRANGERE, 2015/1 (Printemps), éditée par l’IFRI, Paris).
LUC MICHEL :
DE LA CRIMEE A LA RUSSOSPHERE EN AFRIQUE
Le quotidien belge (Flamand) De Morgen écrivait en décembre 2022 : « Michel va désormais agir en tant qu’entrepreneur géopolitique pour agrandir la sphère d’influence russe en Afrique : « un groupe d’entrepreneurs indépendants, nous avons inventé le concept de guerre hybride. Nous travaillons avec la Russie, mais nous ne payons pas les services de sécurité. Une guerre hybride se nourrit de différentes manières : militaire, diplomatique et communication. Je fais cette dernière. » « Et puis il y a le Belge, l’activiste Luc Michel, avec qui tout a débuté. Il a, ensemble avec l’idéologue Jean Thiriart (…) avec l’organisation des élections façonné les instruments de la reconquête de l’empire soviétique et créer un espace, de Lisbonne à Vladivostok » .Michel est ravi des résultats des derniers référendums dans les républiques populaires de Louhansk, Donetsk,
RUSSOSPHERE :
EN POINTE DES RESEAUX PRO-RUSSES
DES RESEAUX SOCIAUX A LA RUE
« RUSSOSPHERE » EST AUJOURD’HUI BIEN UTILE POUR LE KREMLIN
Du 2 au7 février 2023, attaque massive internationale de l’OTAN contre le géopoliticien Luc Michel et ses réseaux pro-russes de la ‘Russosphère’ : plus de 50 articles en 15 langues, émissions TV, « rapports » bidons …
La BBC présente ainsi Russosphère :
« Une campagne pro-russe sur les réseaux sociaux tente d’influencer la politique en Afrique ». « Près d’un an après l’invasion de l’Ukraine, des militants alignés sur la Russie diffusent des messages pro-Kremlin en Afrique en utilisant un réseau coordonné en français couvrant Facebook, YouTube, Telegram et d’autres chaînes en ligne. Le réseau, surnommé « Russosphere », est lié à un militant politique belge qui a participé à la supervision des référendums contestés soutenus par la Russie en Crimée et dans le Donbass en 2014 …. L’activiste, Luc Michel, a également été impliqué dans un effort en 2021 pour créer une « République de Detroit » dissidente aux États-Unis, qui a suscité peu d’attention mais pourrait servir de modèle aux efforts alignés sur la Russie pour influencer la politique américaine, selon Logically. C’est le dernier exemple de la façon dont les campagnes d’influence liées à la Russie capitalisent sur les divisions sociales et politiques – une continuation de la tactique utilisée par le Kremlin lors de l’élection présidentielle américaine de 2016. élection présidentielle. Et cela montre à quel point les médias sociaux restent un canal puissant pour diffuser des messages pro-russes, même si les grandes plateformes technologiques ont tenté de réprimer la manipulation et la propagande soutenue par l’État. »
« La Russie livre-t-elle une guerre par procuration contre la France en Afrique? », interroge Le Figaro (ce 3 février) : « En parallèle à sa guerre en Ukraine, Moscou prend position dans l’ex-pré carré français en s’inspirant des pratiques qui ont fait d’elle le maître du jeu en Syrie. Le Burkina Faso a demandé à la France de retirer ses forces spéciales engagées dans le combat contre le djihadisme dans le Sahel. Ce retrait s’inscrit dans une tendance au repli de l’ancienne puissance coloniale en Afrique alors que la Russie à travers le groupe Wagner mène une offensive idéologique sur le continent pour parachever son implantation militaire. »
« Plusieurs médias russes sont interdits depuis que Moscou a envahi l’Ukraine et cela permet à Moscou de contourner cet obstacle. Un des objectifs de « Russosphère » est ainsi de briser les liens entre la France et les pays africains, dans la continuité de ce que faisait déjà la Russie », écrit le grand hebdo belge TéléMoustique.
« CETTE STRATEGIE SEMBLE PORTER SES FRUITS »
« Si son influence réelle est difficile à estimer avec précision, cette stratégie semble porter ses fruits. Le Mali a déjà expulsé les soldats français qui avaient pourtant aidé Bamako à se débarrasser des indépendantistes islamistes de l’Azawad. Dernièrement, après un coup d’État au Burkina Faso, les forces spéciales françaises viennent d’y être déclarées persona non grata. Au même moment, les drapeaux russes flottaient dans le pays. »
L’UE a récemment lancé une série de programmes visant à lutter contre ce que la Commission européenne décrit comme la « désinformation » russe sur les réseaux sociaux au Sahel (sic).
SELON L’OFFICINE BRITANNIQUE LOGICALY, « L’INFLUENCE DE LA RUSSOSPHERE DANS LES PAYS AFRICAINS COMME LE MALI ET LE BURKINA FASO EST CONSIDERABLE »
« Il s’agit d’une opération d’influence à grande échelle avec des adeptes dans toute l’Afrique », a déclaré le chercheur Kyle Walter à la BBC. Le but de la campagne de propagande, selon les chercheurs de Logically (officine de l’OTAN), est clair : discréditer la France dans les pays africains avec lesquels elle entretient traditionnellement des relations étroites et empêcher les dirigeants africains de rejoindre l’alliance occidentale qui soutient l’Ukraine ».
Il est difficile d’évaluer l’impact de campagnes de désinformation spécifiques, mais en Afrique, le message pro-russe est entendu – amplifié, disons, les analystes, par des influenceurs locaux cultivés par la Russie.
« Le succès de gens comme Luc Michel est dû à son opposition à la France. Il puise dans de vrais griefs sur le terrain », explique Kevin Limonier, professeur associé à l’Université de Paris-8 étudiant les opérations d’information de Moscou en Afrique.
« La désinformation russe a été un facteur qui a contribué à chasser les forces françaises des pays du Sahel, en particulier du Burkina Faso », selon Ulf Laessing, de la Fondation Konrad Adenauer, un groupe de réflexion allemand de centre-droit.
En 2013, quelque 5 000 soldats français avaient été déployés pour combattre des groupes djihadistes militants au Mali ainsi qu’au Burkina Faso, au Tchad, au Niger et en Mauritanie. Mais l’année dernière, ils se sont retirés du Mali et s’apprêtent à quitter le Burkina Faso.
Ils ont subi la pression des gouvernements militaires des deux pays, mais Beverly Ochieng de BBC Monitoring convient que le sentiment populaire a peut-être quelque chose à voir avec cela.
« Des drapeaux russes ont été agités lors de manifestations au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, et cela est en partie dû aux opérations d’information pro-russes », dit-elle.
Au Burkina Faso, des manifestants ont attaqué l’ambassade de France et ont été entendus pour réclamer des liens plus étroits entre Ouagadougou et Moscou.
CELA CORRESPOND DIRECTEMENT À M. LES OBJECTIFS DE MICHEL.
« Je pense que la Russie doit remplacer les Français dans toute l’Afrique », a-t-il déclaré à la BBC.
« Il est presque impossible d’estimer l’impact des opérations d’information », dit-il. Limonier, expert des campagnes d’influence du Kremlin.
« « Mais une chose est claire : de telles opérations inquiètent les occidentaux » …
LM
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