2023 12 25
La commission électorale serbe a confirmé lundi 18 décembre au soir la victoire du parti présidentiel (SNS, droite radicale) aux élections législatives avec 46,7 % des voix, en annonçant ses « résultats préliminaires ». L’opposition unie sous la bannière « La Serbie contre la violence » a, elle, remporté 23,58 % des suffrages, selon ces résultats, qui ne seront définitifs que dans quelques jours, une fois le délai de recours écoulé. A Belgrade, la commission locale donne le SNS gagnant avec 44,5 %.
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
LA SERBIE ENTRE EST ET OUEST
Cette année, les élections législatives étaient couplées avec plusieurs scrutins locaux, dont des élections municipales à Belgrade, où vivent 1,5 million de personnes, près d’un quart du pays. Le SNS y a revendiqué la majorité, avec 38,5 % des voix, soit 23 000 de plus que l’opposition.
La campagne électorale a principalement tourné autour de l’économie.
Vucic a réussi à maintenir habilement des liens entre l’Est et l’Ouest. Le président serbe est passé maître dans l’art de naviguer entre son « grand frère russe » et l’Union européenne, à laquelle la Serbie est candidate depuis de longues années. Le Kremlin s’est d’ailleurs « félicité » de la victoire du camp d’Aleksandar Vucic.
LA RUSSIE EN EMBUSCADE
Un dossier qui traîne aux yeux des Européens : le Kosovo. Si depuis 2011, Bruxelles se félicite de maintenir le dialogue entre la Serbie et cette région à majorité albanaise, dont l’indépendance proclamée en 2008 n’a toujours pas été reconnue par Belgrade, les discussions sur une reconnaissance mutuelle peinent à aboutir.
Les efforts de paix sont définitivement tombés à l’eau le 24 septembre dernier, lorsqu’un commando de plusieurs centaines de Serbes surarmés a pris d’assaut le village de Banjska, faisant quatre morts. Selon Le Monde, plus de quarante lance-roquettes antichars RPG, près de 200 lance-grenades, des dizaines de fusils automatiques, des mines et 80 000 munitions ont été retrouvés dans les véhicules abandonnés aux alentours de la localité.
Les Kosovars, qui ont arrêté l’attaque in extremis, ont directement accusé Belgrade d’avoir orchestré le coup, ce qu’a démenti Aleksandar Vucic. Mais l’enquête a rapidement démontré qu’il connaissait le chef du commando, Milan Radoicic. Ce dernier était même le vice-président de la Liste serbe pour le Kosovo, une formation considérée comme le bras politique de Belgrade dans le nord du Kosovo.
AU KOSOVO, UNE OPERATION SERBE INSPIREE DE LA PRISE DE LA CRIMEE (LE MONDE)
« Surarmé, portant des treillis sans insigne, comme les forces russes lors de l’annexion de la péninsule ukrainienne en 2014, un commando serbe a tenté, fin septembre, de prendre d’assaut le nord de ce territoire des Balkans à majorité albanaise. »
« Surarmé, portant des treillis sans insigne et voyageant dans une trentaine de véhicules dont certains arboraient des faux logos de la KFOR, la force armée de l’OTAN déployée au Kosovo, le commando aurait surgi dans les rues du village dans la nuit du 23 au 24 septembre, et commencé ses opérations à 2 h 34 précises du matin. »
« « Petits hommes verts » :
Dans la foulée, le groupe armé serbe affronte pendant des heures les forces spéciales kosovares envoyées en urgence depuis Pristina, la capitale du Kosovo, avant de se retrancher dans le monastère où se trouvait un groupe de pèlerins, puis de prendre la fuite par le maquis menant vers la Serbie toute proche. »
POUR METTRE LA PRESSION SUR SON VOISIN KOSOVAR, LA SERBIE PEUT NOTAMMENT S’APPUYER SUR SON SECOND ALLIE, LA RUSSIE.
Les deux pays entretiennent de profonds liens historiques et culturels, ainsi qu’une défiance mutuelle vis-à-vis de l’Otan, qui avait bombardé Belgrade en 1999, lors de la guerre avec le Kosovo. D’après un sondage du Conseil européen des relations étrangères conduit en 2022, 54 % des Serbes considèrent la Russie comme une alliée et 95 % comme une partenaire nécessaire.
Le pays des Balkans n’a d’ailleurs jamais adopté les sanctions occidentales contre Moscou initiées après l’invasion de l’Ukraine en février 2022. « La Serbie est dépendante de la Russie sur la scène internationale pour promouvoir son agenda de non-reconnaissance du Kosovo », confirme Florent Marciacq. Le Kremlin ne s’y est pas trompé. Dimanche soir, après la victoire d’Aleksandar Vucic aux législatives, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, s’est empressé de le féliciter.
LUC MICHEL /
EODE – OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/
ЕВРАЗИЙСКИЙ СОВЕТ ЗА ДЕМОКРАТИЮ И ВЫБОРЫ (ЕСДВ)/
EURASIAN OBSERVATORY FOR DEMOCRACY & ELECTIONS
(EODE) :
http://www.eode.org/
https://www.facebook.com/EODE.org/
https://www.facebook.com/groups/EODE.Eurasie.Afrique/