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Texte intégral/
« Le Burkina Faso resserre son alliance avec la Russie
Neuf mois après la fin des opérations françaises dans le pays, la coopération militaire entre Ouagadougou et Moscou s’accélère et entre dans une «phase pratique». Une vingtaine de militaires russes ont débarqué dans la capitale.
Qu’est venu faire un Iliouchine II-76 à Ouagadougou, vendredi 10 novembre ? Alors que, depuis son arrivée à la tête du Burkina Faso en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré entretient le flou sur ses alliances, l’atterrissage, à l’aéroport Thomas-Sankara de la capitale, de cet avion russe, avec, à son bord, une vingtaine de militaires, a levé une partie des interrogations. Neuf mois après la fin des opérations françaises sur le territoire burkinabé, la junte s’est engagée dans une nouvelle union, avec la Russie de Vladimir Poutine. Le gouvernement burkinabé a multiplié les signes de rapprochement avec Moscou ces dernières semaines, dans toutes sortes de domaines : «L’humanitaire, l’énergie, le nucléaire, la culture, etc.», énumérait, en octobre, un communiqué de l’exécutif du Burkina Faso.
Au milieu de ce mois, la construction d’une centrale nucléaire civile par l’agence russe Rosatom, «pour couvrir les besoins énergétiques de la population burkinabée», était annoncée ; mardi, la coopération sanitaire dans la lutte contre l’épidémie de dengue qui sévit dans le pays était mise en avant. Mais c’est avant tout dans le secteur militaire que Ouagadougou a besoin de Moscou.
Trois jours avant l’arrivée de l’Iliouchine II-76, le 7 novembre, le ministre burkinabé de la défense, le colonel Kassoum Coulibaly, était à Moscou pour rencontrer son homologue, Sergueï Choïgou. M. Coulibaly s’est félicité de l’entrée dans «la phase pratique» de la coopération entre les deux pays en matière de défense. La phase théorique, elle, avait eu lieu quelques semaines plus tôt, lorsqu’une délégation russe menée par le ministre adjoint de la défense, Iounous-bek Evkourov, avait été reçue en septembre par le président Ibrahim Traoré. «Les domaines de coopération qui concernent en premier lieu le secteur militaire, dont la formation de soldats et d’officiers burkinabés de tous niveaux, notamment des pilotes en Russie», ont été discutés, avait déclaré la présidence burkinabée (…)
La mise en œuvre de l’alliance entre les deux pays s’est accélérée depuis la rencontre entre Ibrahim Traoré et Vladimir Poutine, à l’occasion du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, fin juillet. Lors de son unique déplacement à l’étranger depuis sa prise de pouvoir, le chef de la junte s’était fait remarquer par sa diatribe contre les pays «impérialistes». Avec la Russie, «nous partageons la même histoire en tant que peuples oubliés du monde», avait lancé le capitaine de 35 ans, qui n’avait quitté ni son treillis ni son béret. Le jeune chef d’État surjoue une proximité avec Thomas Sankara, le président burkinabé qui, en 1986, avait osé prendre à partie François Mitterrand à un dîner de gala. S’estimant «en famille», Ibrahim Traoré avait assuré Vladimir Poutine du «soutien du peuple burkinabé et de [son] gouvernement sur la situation que vit la Russie avec «l’opération spéciale» en Ukraine.»
(Le Monde)
Les chercheurs notent que, depuis le sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, en juillet dernier, la présence russe à Ouagadougou s’accélère et que le Burkina Faso se place sous la tutelle de Moscou.
Le 10 novembre dernier, une vingtaine d’hommes en uniformes militaires russes sont vus dans l’aéroport de Ouagadougou. Un avion militaire avait atterri un peu plus tôt. Jeune Afrique a, depuis, indiqué qu’ils étaient logés à l’hôtel Lancaster dans le quartier de Ouaga 2000 et que leur mission était de protéger le capitaine Ibrahim Traoré.
Puis, le 22 novembre, une nouvelle chaîne, Africa Corps, fait son apparition sur Telegram et se présente comme une nouvelle organisation paramilitaire en charge de l’Afrique.
«Nous, c’est un peu comme ça qu’on le voit. Il se présente comme Africa Corps, il a commencé à créer comme une espèce de vitrine où ce nom est mis en avant. Nous, on pense que ce n’est pas forcément un nouveau Wagner. On pense que c’est vraiment une vitrine qui permet au ministère de la Défense de loger, derrière, un certain nombre de membres du ministère de la Défense, que ce soit armée, Service de sécurité, pour réaliser leur mission au Burkina Faso. Donc, moins indépendant que ce que Wagner avait pu être. Wagner était très indépendant et autonome. Là, on pense que c’est beaucoup moins le cas», estime la chercheuse barbouze Lou Osborne.
Africa Corps, une organisation centralisée, l’illustration semble-t-il d’une reprise en main des activités africaines par Moscou.
«Le Burkina se place sous la protection de Moscou»
Ils s’adressent, à chaque fois, comme d’habitude, à la fois à la partie sociétale et à la partie sécuritaire.
(source : Luc Michel)
NOTE 1
Le géopoliticien Luc MICHEL est en fait le créateur d’un puissant LOBBY PRO-RUSSE en Europe et en Eurasie depuis trois décennies, mais aussi en Afrique (où il a été un précurseur) depuis les années 2013. L’influence et l’immense popularité de Poutine en Afrique s’explique par un travail de Lobbying, qui a mené à la création d’une RUSSOSPHERE AFRICAINE, qui influence la psychologie des masses populaires africaines et marginalise les élites compradores pro-occidentales. Il est au cœur de cette DIPLOMATIE PARALLELE , dont le but est de « tester le terrain là OU LA DIPLOMATIE PUBLIQUE OFFICIELLE EST FAIBLE OU LIMITEE ».
NOTE 2
« La plupart des opérations de Michel en Afrique promeuvent le panafricanisme et les sentiments anticolonialistes comme point de ralliement pour soutenir la thèse centrale de Michel : que les pays africains gagneraient s’ils se distanciaient de leurs colonisateurs européens et développaient des relations solides avec la Russie (…) L’argument a du succès dans plusieurs pays africains car il repose sur des sentiments réels et répandus au sein de la population. »
La Russie s’appuie également sur le soutien de plusieurs penseurs de la sphère panafricaniste, une idéologie qui « plaide pour une solidarité entre tous les peuples africains, en opposition à un continent dépendant de l’Occident (…) Un monde multipolaire, où les Occidentaux ne dirigent pas tout, est le combat commun des Russes et des panafricanistes », selon les théses de Luc Michel depuis 2013.
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