2023 11 01
Sur le Zoom Afrique du 29 10 2023 :
L’option d’une intervention militaire au Niger n’est plus à l’agenda de la CEDEAO, selon une source diplomatique de RFI interrogée après le sommet avorté du groupe, prévu cette semaine. Les troupes mobilisées auraient déjà été libérées, et auraient reçu leurs primes prévues.
La Communauté économique des États de l’Afrique, CEDEAO, démobilise désormais discrètement ses forces qui avaient été positionnées pour une éventuelle intervention militaire au Niger, relate RFI.
Comment analyser cette marche arrière de la CEDEAO face à Niamey ?
Écoutons sur ce sujet l’analyse de Luc Michel, géopoliticien belge.
NIGER:
LA CEDEAO ABANDONNE L’OPTION MILITAIRE…
L’option d’une intervention militaire au Niger n’est plus à l’agenda de la CEDEAO, selon une source diplomatique interrogée après le sommet avorté du groupe, prévu cette semaine. Les troupes mobilisées auraient déjà été libérées, et auraient reçu leurs primes prévues.
La Communauté économique des États de l’Afrique démobilise désormais discrètement ses forces qui avaient été positionnées pour une éventuelle intervention militaire au Niger.
Plus personne n’est dans l’optique d’une opération armée avancée il y a trois mois, a indiqué un diplomate d’un pays membre de la communauté. Les pays contributeurs ayant rassemblé leurs troupes, les ont libérées et leur auraient versé les primes prévues.
De plus, une rencontre des officiers de l’organisation à Sokoto, au Nigeria, prévue pour fin octobre, n’a toujours pas eu lieu. L’annulation de la rencontre aurait été conditionnée par « une mauvaise organisation ».
Selon des analystes, c’est à ce moment-là que l’ordre de démobilisation aurait dû être prononcé. Le prochain sommet de la CEDEAO est toutefois programmé pour le 10 décembre à Abuja.
Fin juillet, suite à un coup de force à Niamey, la CEDEAO a imposé des sanctions économiques contre le Niger et a menacé d’intervenir militairement si l’ordre constitutionnel n’était pas rétabli.
À la mi-août, une réunion des chefs d’état-major des membres du bloc a été tenue à Accra. La CEDEAO a dit être « prête à intervenir » dès que les dirigeants des pays ouest-africains en donneront l’ordre.
Les militaires au pouvoir au Niger, dirigés par le général Abdourahamane Tchiani, ont fait savoir la semaine passée que la CEDEAO ferait face à de graves conséquences en cas d’intervention.
« Attaquer le Niger, c’est la fin de la CEDEAO », a prévenu le 22 octobre le général Mohamed Boubacar Toumba, nommé le ministre de l’Intérieur, lors d’une intervention au Forum Paix et sécurité de Lomé.
En même temps, le militaire a appelé l’organisation régionale au dialogue en expliquant que le pays souffrait des effets des sanctions.
Membre influent du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le ministre a fait cette mise en garde, en marge d’un sommet sur la paix et la sécurité organisé le week-end dernier au Togo.
« Nous avons dit une chose : attaquer le Niger, c’est la fin de la CEDEAO. C’est inéluctable », a affirmé le général Toumba dans une déclaration faite devant les participants au forum et relayée par la télévision publique nigérienne.
« Nous avons à notre actif dix ans de lutte contre le terrorisme et ce n’est pas rien », a-t-il rappelé. « La CEDEAO a très vite fait de mobiliser des troupes pour venir attaquer le Niger pour soi-disant rétablir le président Bazoum sur son pouvoir. Militairement ce n’est pas possible, c’est du domaine du fantasme », a-t-il insisté.
Et de poursuivre : « Nous le disons haut et fort, à une seule condition, si on force, peut-être, c’est son cadavre qu’il faut venir chercher. Si tel est l’objectif, peut-être que l’attaque pourrait se justifier. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas dans quelles conditions on pourrait revenir essayer de replacer le président Bazoum ».
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