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2023 10 12

« La France aurait pu éviter cette rupture avec le Niger » (Débat) :

L’ambassadeur de France au Niger est rentré à Paris après avoir quitté Niamey par avion, mercredi 27 septembre au matin.

Le Conseil militaire du Niger avait auparavant retiré l’immunité et le visa diplomatiques de Sylvain Itté, en donnant à la police l’ordre de procéder à l’expulsion de l’ambassadeur de France en réponse à ce qu’elle qualifiait d’actions de Paris « contraires aux intérêts du Niger ». L’ordre a été donné après la fin d’un délai de 48 heures commençant le 25 août accordé à l’ambassadeur de France de quitter le territoire nigérien.

Sylvain Itté n’a cependant pas quitté le Niger après l’expiration dudit délai. La France a d’abord ignoré cet ordre, s’en tenant à sa position selon laquelle le gouvernement militaire était « illégitime » et appelant à la réintégration du président déchu Mohamed Bazoum, renversé lors du coup d’État de juillet.

En tout état de cause, Macron avait annoncé dimanche que l’ambassadeur reviendrait à Paris et que les troupes françaises partiraient.

Arnaud Develay, juriste et Luc Michel, géopoliticien, interviennent sur ce sujet.

OPERATIONS MILITAIRES EXTERIEURES DE LA FRANCE: LE DEPART DU NIGER CONFIRME UN CHANGEMENT D’ERE

Le départ des forces françaises du Niger marque un changement d’ère dans les opérations militaires extérieures de la France. Paris privilégie désormais des partenariats dans lesquels les soldats français ne sont plus en première ligne.
Un soldat malien et un militaire français engagés dans l’opération Barkhane en 2016. Paris privilégie désormais des partenariats dans lesquels les Français ne sont plus en première ligne.

Le départ programmé des soldats français du Niger marque la fin des grandes bases militaires au Sahel. La doctrine évolue.

Au Sahel désormais, rien ne sera plus comme avant, pointe le chercheur Jérôme Pigné, co-fondateur du Réseau de Réflexion Stratégique sur la sécurité au Sahel (2R3S), interrogé par Franck Alexandre : « C’est la direction qu’on est en train de prendre parce que, depuis deux ans, depuis cette situation au Mali, il y a eu quand même une forme d’introspection. Est-ce qu’elle devait avoir une empreinte plus légère ? »

Il souligne : « Je pense qu’on est en train de se diriger vers la redéfinition de la coopération. C’est la logique dans laquelle s’inscrit cette nouvelle doctrine. Maintenant, il y aura besoin encore d’un petit peu plus de temps pour y voir plus clair, notamment à l’aune de ce contexte très volatile que l’on connait dans l’ensemble des pays de la sous-région. »

Après avoir quitté le Niger, l’armée française au Sahel ne sera plus présente qu’au Tchad, avec un contingent d’un millier d’hommes.

Le désengagement français aura-t-il par ailleurs pour conséquence de fragiliser la présence militaire d’autres partenaires de Niamey, notamment des Américains, qui déploient plus de 1000 soldats au Niger ?

« LA PRIORITE DES AMERICAINS, C’EST LEUR POSITIONNEMENT STRATEGIQUE DANS LA SOUS-REGION »

« Maintenant, pour les Américains, eux, il est important de rappeler que leur priorité, c’est leur positionnement stratégique dans la sous-région. Ils ont été surpris, agréablement surpris, de la capacité d’intervention et de déploiement des forces françaises depuis 2013. Et ils ont aussi leurs intérêts. Et aujourd’hui, rappelons-le, la priorité de Washington ce n’est ni la présence française ni le retour à l’ordre constitutionnel. C’est de préserver un positionnement stratégique pour avoir un œil en temps réel sur le Sahel, sur le bassin du lac Tchad, mais également sur la Libye. »

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