Edité par Luc MICHEL
Et CENTRAFRICA-NEWS-TV/
2023 10 04/
Comme annoncé par Emmanuel Macron, les troupes de l’armée française vont peu à peu quitter le Niger. Une retraite qui survient après une importante présence et de multiples opérations ces dernières années.
Des militaires français en opération au sol ou dans les airs. Ce sont les soldats de l’opération Barkhane, filmés quelques années avant leur départ du Mali, à l’époque où les forces françaises étaient très présentes au Sahel. En 2014, 3 000 soldats se trouvaient au Mali, en Mauritanie et au Niger, pour l’opération Barkhane. 1 600 étaient présents en Centrafrique pour l’opération Sangaris. 400 au Burkina Faso pour l’opération Sabre et 950 au Tchad pour l’opération Épervier.
LES DIPLOMATES FRANÇAIS CONTRAINTS DE FUIR
Aujourd’hui, les soldats français ont quitté la quasi-totalité de ces pays, et partiront du Niger avant la fin de l’année. Au-delà de la présence militaire, la présence diplomatique de la France a été remise en cause dans plusieurs de ces pays, comme au Burkina Faso en 2022. Les ambassadeurs au Mali ou encore au Niger ont été contraints de retourner en France.
LE DEPART DU NIGER, ULTIME CAMOUFLET POUR LA FRANCE AU SAHEL
La France s’apprête à quitter le Niger, son dernier allié au Sahel: un ultime camouflet pour Paris, déjà chassé du Mali et du Burkina Faso, et une page qui se tourne après « une décennie d’intervention militaire antijihadiste » (sic) dans la région.
A l’issue d’un intenable bras de fer de deux mois avec le régime militaire, le président Emmanuel Macron a fini par céder en annonçant dimanche le retour à Paris de l’ambassadeur et le retrait des 1.500 militaires « d’ici la fin de l’année ».
Ce retrait forcé intervient après celui du Mali, en août 2022, et du Burkina Faso, en février 2023. Dans les trois cas, Paris a été poussé dehors par des régimes militaires arrivés au pouvoir après des coups d’Etat, surfant sur un sentiment antifrançais et se tournant, dans le cas du Mali, vers une coopération avec le groupe paramilitaire russe Wagner.
Jusqu’au coup d’Etat du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, le Niger était l’un des derniers alliés de Paris au Sahel, et la pièce centrale de son nouveau dispositif antijihadiste dans la région.
Le retrait de ce pays « consacre le fiasco de la politique de la France au Sahel », commente le chercheur Yvan Guichaoua (Brussels school of international studies) sur X (ex-Twitter).
Pour de nombreux observateurs, Paris n’a pas vu ou pas voulu voir les évolutions en cours dans la région.
« Le Mali a fait tache d’huile, on sait qu’on était face à une tendance lourde. Ca fait des années qu’on voit monter cette vague. La France a senti qu’elle perdait pied, mais elle est restée dans le déni et la stupeur », estime une source diplomatique française.
Et cette source d’ajouter : « On se retrouve aujourd’hui face aux conséquences de l’hypermilitarisation de notre relation avec l’Afrique », quand la région sahélienne, l’une des plus pauvres au monde, est aussi rongée par des crises sécuritaire, environnementale, communautaire.
Depuis sa première élection, Emmanuel Macron a tenté un changement de cap en Afrique, déjà présent dans le discours de Ouagadougou en 2017 puis réitéré en février 2023, esquissant une approche moins militaire centrée sur les relations avec la société civile et le « soft power ». « La Françafrique est morte », a-t-il encore insisté dimanche.
MAIS PARIS S’EST VU REPROCHER SES INCOHERENCES.
Le principe de réalité a fini par l’emporter.
Au Niger, l’ambassadeur que Paris refusait de rappeler était reclus dans l’ambassade française, sans immunité diplomatique, avec des réserves de nourriture et d’eau qui s’épuisaient.
Sur la base de Niamey, et sur les postes avancés dans le nord-ouest reculé à Ouallam et Ayolou, le ravitaillement des troupes se faisait dans « des conditions plus ou moins compliquées », selon l’état-major français. Les 1.500 soldats et aviateurs présents au Niger s’éraient retrouvés sans mission, leurs drones, hélicoptères et avions de chasse restant cloués au sol.
En outre, la France, ancienne puissance coloniale, qui possède encore plusieurs bases africaines – au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Gabon, et à Djibouti -, est apparue rapidement isolée. Ses alliés occidentaux se sont démarqués de sa politique d’inflexibilité au Niger.
« Avec cet énième revers, la France voit son influence et sa puissance se réduire comme peau de chagrin en Afrique de l’Ouest en particulier et en Afrique de manière générale », juge le quotidien sénégalais Walf Quotidien.
Pour le chercheur Fahiraman Rodrigue Koné, de l’Institut des études de sécurité (ISS), « la France n’a pas su se retirer au bon moment et a voulu continuer de jouer le leader dans un contexte où l’environnement sociologique a fortement changé ».
Le retrait du Niger représentera un défi logistique pour les armées françaises s’il doit se faire en trois mois, sur fond de dégradation de la situation sécuritaire dans tout le Sahel. Au Niger seulement, une dizaine d’attaques jihadistes ont fait plus d’une centaine de morts dont une moitié de civils depuis le 26 juillet.
AVEC LE RETRAIT ANNONCE AU NIGER, QUE RESTE-T-IL DE LA PRESENCE MILITAIRE FRANÇAISE EN AFRIQUE ?
On attendait depuis quelques mois des précisions sur le redéploiement militaire français en Afrique. L’actualité au Mali, Burkina Faso et Niger a pris de vitesse l’Élysée et les Armées. Revue de détail du dispositif français sur le continent.
Et de trois ! En matière de redéploiements, l’armée française dispose désormais d’une expérience réelle, mais acquise dans l’amertume. Ces redéploiements (des « retraites », diront certains) ont été imposés, non pas par la force des armes, mais par des régimes militaires arrivés au pouvoir lors de putsch qui ont tous débouché sur une remise en question fondamentale des liens avec Paris.
DE BAMAKO A NIAMEY, EN PASSANT PAR OUAGADOUGOU, LA DEFAITE POLITIQUE FRANÇAISE EN RASE CAMPAGNE EST INCONTESTABLE.
Que reste-t-il désormais de la présence militaire tricolore sur le continent africain ?
Selon des données de l’état-major des armées (EMA), les forces de présence en Afrique rassembleront au moins 4 750 après le départ des 1 500 soldats français du Niger. Des soldats dont on ne sait pas encore s’ils seront renvoyés en métropole ou repositionnés sur le continent.
Au Sahel, actuellement, le dispositif des forces françaises compte 2 500 militaires engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes aux côtés de leurs partenaires européens et nord-américain. Une fois le contingent tricolore désengagé du Niger, c’est uniquement au Tchad qu’un contingent consistant sera localisé, avec un millier d’hommes.
Le reste des forces de présence sont éparpillées dans quatre pays.
À DJIBOUTI :
avec près de 1 500 militaires déployés, les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) s’articulent autour de cinq emprises principales centrées sur Djibouti : le 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM) ; le détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) armant 4 hélicoptères Puma et 3 Gazelle ; la base aérienne 188 (BA 188) avec ses 4 avions de défense aérienne Mirage 2000-5, 1 avion de transport tactique Casa, 3 hélicoptères Puma ; la base navale ; le centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti (CECAD). Les FFDJ constituent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique aussi appelée base opérationnelle avancée (BOA).
EN COTE D’IVOIRE :
900 hommes sont rassemblés au sein des Forces françaises en Côte d’Ivoire. Ces FFCI constituent l’une des deux bases opérationnelles avancées (BOA) en Afrique. Les 900 militaires (dont ceux du 43e BIMa) constituent une réserve d’intervention en Afrique centrale et de l’ouest. Ils sont chargés de soutenir les opérations dans la zone et de conduire les activités de partenariat militaire opérationnel avec la République de Côte d’Ivoire.
AU SENEGAL :
les éléments français au Sénégal (EFS) disposent d’environ 400 hommes qui réalisent des missions de formation et d’entraînement au profit des armées locales. Les EFS s’articulent autour d’un poste de commandement interarmées, d’un détachement de l’aéronautique navale (Atlantique 2 ou Falcon 50 et sa cellule ravitaillement), stationné à l’escale aérienne ; d’un groupement régional d’intervention NEDEX (Neutralisation Enlèvement et Destruction d’Explosifs), d’éléments de soutien spécialisé et de maintenance.
AU GABON :
350 soldats constituent les éléments français au Gabon (EFG). Ils constituent le second « pôle opérationnel de coopération » (POC) à vocation régionale avec Dakar. Ils disposent principalement d’un échelon de commandement et d’une unité terrestre : le 6e bataillon d’infanterie de marine. Ce 6e BIMa est organisé en groupement de coopération opérationnelle (GCO), implanté au camp de Gaulle à Libreville ; il est tourné vers la coopération opérationnelle régionale, il assure également la protection des emprises des EFG et la maintenance des matériels terrestres.
EN PERIPHERIE
Hors territoire continental africain, d’autres forces françaises sont positionnées à Mayotte et à la Réunion (1 750 légionnaires, parachutistes et marins au total pour ces forces dites de souveraineté).
La marine nationale maintient par ailleurs plusieurs dispositifs : des frégates dans l’océan Indien (à partir de la Réunion), la Task Force 150 aussi dans l’océan Indien (une centaine de marins), les moyens de l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée (150 hommes engagés dans la lutte contre la piraterie et les trafics)…
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