2023 08 20
Comme au Mali et au Burkina Faso, le coup d’Etat mené par l’armée nigérienne pour déposséder le président Mohamed Bazoum du pouvoir est intervenu sur fond de ressentiment à l’égard de la France, ancienne puissance coloniale accusée d’interférer dans les affaires du pays.
Luc Michel, géopoliticien et Jean-Maxime Corneille, expert des questions politiques, se débattent sur ce sujet.
NIGER : L’AXE USA-OTAN REMUE CIEL ET TERRE :
La force de la Cédéao est « prête à intervenir » au Niger dès que les dirigeants des pays ouest-africains en donneront l’ordre, a déclaré un responsable, à l’issue de la deuxième journée de réunion des chefs d’état-major au Ghana. L’organisation a également annoncé une « possible » mission diplomatique samedi au Niger.
Les États-Unis préparent des plans pour évacuer deux bases de drones et de lutte contre le terrorisme au Niger si cela s’avère nécessaire, a déclaré le commandant de l’US Air Force pour l’Afrique.
Le ton est donc lancé, la Cédéao veut la guerre.
Cette déclaration de guerre pourrait coûter très cher à l’axe US-OTAN qui se cache derrière les décisions de la Cédéao.
Désormais tous les analystes sont d’avis que la France a tout perdu au Sahel et que ce genre de mises en garde ne sert à rien.
L’ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Kneissl, a affirmé que la Françafrique était terminée après que la France a perdu le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les dirigeants se sont tournés vers la Russie, la Chine et la Turquie. Kneissl, qui était en poste de 2017 à 2019, a déclaré que les pays africains avaient plus d’opportunités sur le continent et pouvaient choisir avec qui coopérer. « La France perd peu à peu pied dans les pays africains : ils ont été expulsés du Mali, ils ont été expulsés du Burkina Faso. Maintenant, le Niger veut fermer les bases militaires françaises dans le pays. Pour la France, je pense que c’est la fin officielle de la politique de Françafrique, puisque les nouvelles autorités peuvent choisir », a-t-elle déclaré. La Françafrique est la sphère d’influence de la France sur les anciennes colonies françaises et belges d’Afrique subsaharienne. L’influence a cependant rapidement diminué ces dernières années. La République centrafricaine (RCA), le Mali, le Burkina Faso et maintenant le Niger, tous d’anciennes colonies françaises, ont rompu leurs liens avec le pays européen et se sont rapprochés de la Russie.
En pleine tension entre la Cédéao et le Niger, les deux alliés indéfectibles du Niger son également prêt à soutenir ce pays en cas d’une intervention militaire.
Le Mali et le Burkina Faso « traduisent en acte concret leurs engagements contenus dans leur communiqué conjoint » et ont « déployé des avions de combat et des hélicoptères pour répondre à toute forme d’agression contre le Niger », informe la RTN -télévision d’État nigérienne- à travers un reportage diffusé ce 18 août 2023. Les deux pays ont décidé de « mutualiser leurs forces » à travers le « déploiement de vecteurs aériens ». De plus, des officiers d’état-major du Mali et du Burkina Faso se sont réunis à Niamey. Un plan de riposte a été élaboré pour faire face à l’éventuelle intervention militaire de la CEDEAO.
Une alliance sans précédente est prête à faire face à toutes menaces. La Cédéao devra se tenir prête à faire face à cet axe. Les jours à venir son décisif.
LES ÉTATS-UNIS ENVISAGENT DES SCENARIOS – SANS LA FRANCE – POUR REPENSER LEUR PRESENCE MILITAIRE AU NIGER
L’évolution de la situation au Niger pousse les États-Unis à réflechir à sa présence militaire dans le pays même s’ils espèrent toujours une solution diplomatique pacifique.
Le département américain de la Défense parle simplement pour le moment « d’élaboration de plans par précaution ». Le commandant de l’US Air Force en Afrique, le général James Hecker, rappelle d’ailleurs qu’aucune décision n’a encore été prise à ce sujet par l’administration Biden. Et il n’envisage pas d’évolutions avant des semaines, voire davantage.
Mais selon les autorités américaines, plusieurs scénarios sont imaginés. Elles planchent ainsi sur un départ en douceur qui pourrait durer. Autre possibilité : un départ précipité sous pression de la junte où seuls les éléments les plus sensibles seraient emportés.
DEUX BASES AMERICAINES
Pour les États-Unis, le Niger représente un allié solide au Sahel. Les deux principales bases américaines dans la zone se trouvent en effet dans la capitale Niamey et à Agadez.
Enfin, interrogé sur les possibles pays de redéploiement en cas de retrait du Niger, le général James Hecker n’a pas donné de détails. « Nous venons tout juste de commencer à regarder les options », explique-t-il avant de préciser « savoir où nous aimerions déplacer nos bases mais ce sera davantage à la diplomatie d’agir »…
La diplomatie, justement, est toujours privilégiée pour résoudre la crise provoquée par le coup d’État du 26 juillet au Niger. Preuve en est avec la nouvelle délégation de la Cédéao arrivée à Niamey samedi 19 août qui a rencontré plusieurs personnalités du régime ayant renversé Mohamed Bazoum. Mais dans le même temps, l’organisation ouest-africaine a également arrêté vendredi les modalités d’une éventuelle intervention militaire lors d’une réunion de ses chefs d’état-major, au Ghana.
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