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2023 08 15

C’est la première fois dans l’histoire de l’État d’Israël que son principal emblème et garant de la sécurité nationale, c’est-à-dire une partie de ses forces armées, met sérieusement en cause le gouvernement, qui est allé jusqu’à utiliser le terme « d’insubordination ». ”.
Les manifestations grandissantes, en intensité et en nombre, qui montrent chaque semaine à la coalition gouvernementale, conduite par Benjamin Netanyahu, son mécontentement et son opposition radicale au projet de réforme de la justice, ont été rejointes dimanche dernier par 37 des 40 pilotes réservistes du 69th Air Force Combat Escadron. Dans la lettre adressée à leur commandant, les pilotes ont annoncé leur intention de ne pas organiser les entraînements aériens prévus mercredi, mais plutôt de tenir des discussions en dehors des installations officielles à Jérusalem « pour sauvegarder la démocratie et l’unité du peuple ».
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications.

MENACE DE FRACTURE EN ISRAËL

Cela a été suivi d’une lettre ouverte des dix anciens chefs vivants de l’armée de l’air israélienne, du général de division Dan Tolkovsky, qui a servi de 1953 à 1958, au général de division Amikam Norkin, qui a commandé l’armée de l’air jusqu’en 2022. Les quatre commandants historiques qui n’a pas signé la lettre sont décédés. Le texte, adressé à la fois au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de la Défense Yoav Gallant, note « la grave préoccupation avec laquelle ils suivent les processus qui se déroulent dans l’État d’Israël et en particulier dans l’armée de l’air en ce moment »… « Nous craignent les conséquences que de tels processus représentent pour la sécurité nationale ».

Soulignant l’excellente et irréprochable motivation des pilotes réservistes dans leur service continu à l’État, ils appellent le gouvernement à « arrêter le processus [de réforme judiciaire] et à trouver une solution dès que possible ».

Bien que non explicitement mentionnée, cette initiative fait suite à des discussions qui se déroulent dans les salles des drapeaux des casernes des Forces de défense israéliennes (FDI). Une autre lettre diffusée au sein de l’un des corps d’élite, la tristement célèbre Unité 8200, avait recueilli mardi plus de 500 signatures, selon le Jerusalem Post.

La situation est devenue si grave que le ministre de la Défense, tout en exprimant sa volonté d’engager le dialogue, dénonce « l’insubordination » qui résulterait de l’extension de ces manifestations, « qui nuirait à la capacité d’Israël à mener à bien ses missions ». Cela a également été souligné par l’actuel chef d’état-major général, le lieutenant-général Herzi Halevi : « Je ne permettrai pas que la capacité de Tsahal à concrétiser sa mission existentielle de sauvegarde de la sécurité de la nation soit endommagée ».

Sans renier leur droit de manifester, en l’occurrence pour être en désaccord avec une réforme qui, selon eux, porterait un coup décisif à Israël en tant qu’État démocratique, d’autres généraux en service ainsi que l’ancien Premier ministre et ministre de la Défense Benny Gantz ont appelé les pilotes réservistes à « remplir leurs engagements dans leurs unités respectives, tant envers leurs subordonnés et leurs supérieurs qu’envers l’État d’Israël, en assurant la protection de ses citoyens ».

Au sein du gouvernement, le controversé ministre de la Sécurité, Ben-Gvir, a pris l’opposition à partie, la blâmant pour une grande partie des nombreux incidents marquant les manifestations. Ben-Gvir, qui dit reconnaître le droit de manifester comme « un droit fondamental essentiel à la démocratie », s’est dit prêt à « empêcher l’anarchie et l’incitation à nuire à l’Etat d’Israël ».

L’actuel chef de l’opposition et ancien Premier ministre Yair Lapid a immédiatement réagi : « Le seul responsable du chaos et de la profonde division qui s’installe dans la société israélienne et au sein de Tsahal est le gouvernement le plus destructeur de l’histoire de notre pays » .

Pour l’heure, et malgré les appels au dialogue avec les opposants au président Isaac Herzog, le Premier ministre Netanyahu reste déterminé à mener à bien sa réforme, qui couperait l’indépendance de la justice, notamment celle de la Cour suprême pour annuler les lois ou règlements adoptés par la Knesset. comme inconstitutionnelle. Netanyahu rappelle que l’objectif de la réforme est « le rééquilibrage des pouvoirs ». Les manifestants les plus véhéments préviennent qu’en cas de réforme, Israël cesserait d’être un État pleinement démocratique et risquerait de devenir « une république bananière ».

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