2023 04 24
Joe Biden est donc candidat à sa réélection, alors qu’il laissait entendre au moment de se lancer la première fois qu’il passerait la main à plus jeune que lui après un seul mandat. Le pouvoir est une drogue dure. Mais, dans le cas du vétéran de la politique américaine, il y a une autre explication: Donald Trump, redevenu le favori à l’investiture républicaine pour la présidentielle de novembre 2024.
Joe Biden a été élu sur la promesse de défendre la démocratie américaine. Pari tenu: les dernières élections de mi-mandat en novembre dernier se sont plutôt bien déroulées. Mais le poison antidémocratique continue d’être infusé par Donald Trump, qui conteste toujours les résultats de l’élection de 2020.
Joe Biden, avec derrière lui le parti démocrate, pense pouvoir gagner à nouveau. Le script est rodé mais incroyablement risqué. Le président est un vieil homme à la merci d’un accident de santé. Son rival probable est à peine moins âgé. Le peu d’enthousiasme des Américains envers les deux aînés révèle la crise de la démocratie américaine.
luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications et la chronologie du dossier.
JOE BIDEN VISE UNE NOUVELLE VICTOIRE ELECTORALE FACE A DONALD TRUMP
Le président américain a mis fin mardi au faux suspense en annonçant qu’il se représenterait en novembre 2024 pour rester quatre ans de plus à la Maison-Blanche. Le fait que Donald Trump s’est lancé dans la bataille est pour beaucoup dans la décision du démocrate.
En officialisant sa candidature pour un second mandat, le président Biden entame un chemin de croix
Dans la singulière démocratie américaine, il y a déjà eu un président fils de président (les Bush) et une quasi-présidente femme de président (les Clinton). Mais, depuis 1956 et les victoires d’Eisenhower, jamais deux candidats ne s’étaient affrontés deux fois de suite. Avec la décision d’officialiser sa candidature pour un second mandat à la Maison-Blanche , Joe Biden risque fort de retrouver un Donald Trump qu’il avait battu en 2020. Autre particularité: si cette perspective se réalise, l’un (80 ans maintenant) et l’autre (76 ans) figureront parmi les présidents les plus âgés de l’histoire des Etats-Unis.
L’âge sera bien sûr le handicap central de cette candidature à laquelle une majorité d’Américains ne croyait pas, mais qui est logique dans un système où les présidents accomplissent d’ordinaire deux mandats. A quel moment l’expérience et la sagesse, sur lesquelles a misé le premier président Biden, se transforment-elles en infirmité irrémédiable? La longue campagne qui débute – les élections se dérouleront dans plus d’un an et demi – risque de devenir un chemin de croix pour le candidat démocrate, dont chaque titubement sera guetté.
Il est pourtant un thème crucial dans lequel Joe Biden a échoué, et tout son pays avec lui: les deux Amériques qui se font face sont aujourd’hui plus éloignées encore l’une de l’autre qu’elles ne l’étaient il y a deux ans. Or, c’est tout le paradoxe: le démocrate n’aura de cesse de noircir le camp d’en face, ces républicains enthousiastes de Donald Trump contre lesquels Joe Biden s’érige en bouclier. C’est devenu sa principale raison d’être politique. C’est devenu sa seule manière de vaincre.
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