Luc Michel & Fabrice Beaur pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 12 20/ Série IV/

Après neuf mois de conflit ukrainien, l’industrie d’armement américaine est sous tension. Le doute s’immisce dans la planification du soutien militaire américain à l’Ukraine. Si les stocks des Etats-Unis sont encore bien fournis, la perspective d’un arbitrage entre défense de Kiev et intérêts nationaux se fait plus précise

Maillon incontournable du soutien militaire à l’Ukraine, l’industrie d’armement des Etats-Unis livre ses premiers signes de fébrilité après plus de neuf mois de conflit. Déterminé à soutenir Kiev face à l’invasion russe, le président Joe Biden continue d’assurer que l’appui américain se poursuivra «aussi longtemps que nécessaire». Mais dans le même temps, les stocks d’armes disponibles s’amenuisent, ce qui n’est pas sans effet sur la stratégie et la planification de la défense américaine, ainsi que sur les capacités de production de son industrie d’armement.

L’OTAN BIENTÔT EN RUPTURE DE STOCK DE MUNITIONS

L’énorme quantité d’armes et de munitions englouties dans le conflit met à rude épreuve les “armées bonsaïs” européennes, raconte “The New York Times” ; et même les arsenaux américains ont du mal à tenir la cadence.

Quand l’Union soviétique s’est effondrée, les nations européennes ont touché les “dividendes de la paix” en réduisant considérablement leurs budgets de la défense, leurs forces armées et leurs arsenaux.

Avec l’avènement d’Al-Qaida, près de dix ans plus tard, le terrorisme est devenu l’ennemi, ce qui a requis des investissements militaires différents et des moyens expéditionnaires plus légers. Même le long déploiement de l’Otan en Afghanistan n’a pas eu grand-chose à voir avec une guerre terrestre en Europe impliquant des effectifs massifs d’artillerie et de chars, dont presque tous les ministères de la Défense pensaient qu’elle ne se reproduirait jamais.

Et pourtant, c’est arrivé.

En Ukraine, une guerre européenne du type que l’on croyait inconcevable engloutit les modestes réserves en artillerie, munitions et systèmes antiaériens de ce que certains, dans l’Otan, surnomment les “armées bonsaïs” européennes, d’après ces arbres japonais minuscules. Même les puissants États-Unis ne disposent qu’en quantité limitée des armes que réclament les Ukrainiens, et Washington ne veut pas détourner des équipements stratégiques de régions sensibles comme Taïwan et la Corée.

Une consommation d’armements ahurissante
Plus de neuf mois après le début de la guerre, l’Occident, foncièrement mal préparé, est à présent lancé dans une course folle pour fournir à l’Ukraine ce qu’il lui faut, tout en reconstituant les réserves de l’Otan.

La consommation dans le domaine de l’artillerie est ahurissante, selon les responsables de l’Otan. “Un jour en Ukraine équivaut à un mois ou plus en Afghanistan”, commente Camille Grand, spécialiste de la défense auprès du Conseil européen pour les relations internationales, récemment encore secrétaire général adjoint de l’Otan pour les investissements dans la défense.

Cet été, dans le Donbass, les Ukrainiens tiraient 6 000 à 7 000 obus d’artillerie par jour, explique un haut responsable de l’Otan. Dans le même temps, les Russes en tiraient 40 000 à 50 000. À titre de comparaison, les États-Unis ne produisent que 15 000 obus par mois.

Par conséquent, l’Ouest se démène pour trouver des équipements et des munitions datant de l’époque so
« La Russie a utilisé en 2 jours plus de munitions que l’armée britannique n’en a en stock. Selon les taux de consommation d’artillerie en Ukraine, les stocks britanniques dureraient une semaine et les alliés européens ne sont pas en meilleure position »

EN RUSSIE, LE MYSTERE DES STOCKS D’ARMES ISSUES DE L’ERE SOVIETIQUE

La Russie peut compter dans les prochains mois sur le stock d’armes hérité de l’ère soviétique.

Alors que le conflit en Ukraine se poursuit, la quantité d’armes disponibles devient une question préoccupante des deux côtés du front. Si l’Ukraine compte sur les occidentaux pour se ravitailler, la Russie peut, elle, compter sur l’héritage soviétique. Des milliers de tanks et de missiles issus de l’URSS dorment dans les stocks du Kremlin.

L’hiver approche en Ukraine. Les températures, négatives, mettent à mal les troupes russes et ukrainiennes sur le terrain. La Russie, en difficulté ces dernières semaines face à l’avancée de l’armée locale, compte néanmoins sur son stock d’armes pour gagner la guerre. Il faut dire qu’une grande partie d’entre elles sont héritées de l’URSS. La puissance militaire de la superpuissance reste gigantesque plus de 30 ans après sa disparition. Près de 2,5 millions de personnes sont encore capables de produire des armes simples, comme des abus ou des roquettes, pour alimenter les plus de 2.000 pièces d’artillerie du front et les milliers d’autres en stock.

Autre reliquat de l’URSS encore disponible : des chars utilisables à ressortir des hangars en cas de besoin. Environ 7.000 d’entre eux seraient disponibles. Anciens et lents, ces derniers sont néanmoins suffisants pour tenir une position. Venu tout droit des années 70, le K22, un missile anti-navire très imprécis mais très destructeur, peut se montrer particulièrement utile dans le conflit ukrainien.

DES STOCKS STRATEGIQUES

Entre 2.000 à 3.000 exemplaires de ces missiles sont produits par l’Union soviétique, et n’ont que peu servi avant la chute de la puissance communiste. A leur bord : sept tonnes d’explosifs.

En clair, si la part récente d’armement s’amenuise, la Russie n’ayant qu’environ 700 missiles modernes à lancer avant d’avoir épuisé ses stocks, le pays peut compter sur ses stocks soviétiques. Mais le Kremlin garde le secret sur la quantité d’armes issues du régime communiste. Une inconnue énorme qui pèse sur l’avenir des fronts.
LES ÉTATS-UNIS ONT UTILISÉ 13 ANS DE PRODUCTION DE STINGER ET CINQ ANS DE PRODUCTION DE JAVELIN EN MOIS D’AIDE À LA JUNTE DE KIEV Greg Hayes, PDG du complexe militaro-industriel américain Raytheon, a déclaré à National Review à ce sujet. Cette société avait précédemment remporté un appel d’offres de 624 millions de dollars pour restaurer des munitions épuisées. La question du réapprovisionnement est extrêmement aiguë, note le chroniqueur Jimmy Quinn, soulignant que le Pentagone n’a pas fait d’achats de MANPADS depuis 2004. LES RUSSES SONT-ILS A COURT DE MUNITIONS?
En effet, chaque jour, la Russie bombarde des infrastructures ukrainiennes. Dans les duel il y a 10 obus russes pour 1 obus ukrainien. Selon le journal «Le Monde», c’est l’OTAN qui est à court de munitions. RETRAIT AMÉRICAIN DU CONFLIT, ON N’Y EST PAS ENCORE, MAIS LA LIGNE EST TRACÉE L’administration américaine refuse de fournir à Kiev des armes à plus longue portée, car elle ne veut pas d’une nouvelle escalade en Ukraine. C’est ce qu’a déclaré le coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby. On a demandé à Kirby pourquoi Washington ne fournissait pas encore à Kiev des armes à plus longue portée. « Nous avons été très cohérents à ce sujet. <…> Nous avons également exprimé – et ne nous en sommes pas excusés – nos craintes de ne pas vouloir une nouvelle escalade » a-t-il déclaré. DMITRI MEDVEDEV PARLE Sur son Canal Telegram, il a réagi aux informations selon lesquelles le Congrès exigerait de savoir où allait l’argent alloué pour soutenir l’Ukraine. « L’humeur des Américains ordinaires commencera progressivement à se tourner vers la réalité. Ils ont de nouveau été trompés : pendant la période de récession économique et de hausse des prix, des fonds gigantesques ont été pompés du budget américain dans une direction inconnue. Dans l’intérêt des escrocs ordinaires – à la fois en Amérique même et dans le monde, gagnant sur le malheur de quelqu’un d’autre. Et cet effet s’accumulera tant que le Congrès ne suspendra pas le soutien imprudent du régime [extrémiste] nationaliste en Ukraine. Et cela arrivera. L’Amérique a toujours abandonné ses amis et ses meilleurs « fils de putes ». Donc ce sera tôt ou tard cette fois aussi. » L’OTAN BIENTÔT EN RUPTURE DE STOCK DE MUNITIONS La « course au réarmement » entre la Russie et les pays européens de l’OTAN commence, écrit le Wall Street Journal. Le manque de capacité en Europe ralentit la production militaire, ce qui menace la capacité de défense des pays de l’OTAN et leur soutien à Kiev. L’Ukraine utilise des munitions à un « rythme jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale » : l’armée tire environ 6 000 obus d’artillerie par jour et manque de missiles antiaériens. Aucun pays de l’OTAN, à l’exception des États-Unis, ne dispose ni d’un approvisionnement suffisant en armes pour mener des batailles d’artillerie à grande échelle, ni d’une capacité industrielle pour créer des réserves, selon l’expert en sécurité internationale, ancien chef d’état-major du ministère allemand de la Défense Nico Lange . « Cela signifie que l’alliance ne pourra pas se défendre en cas d’attaque » a-t-il dit. Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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