Luc Michel & Fabrice Beaur pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 12 05-06-07/ Série IV/
(Edition spéciale/ N° triple)
« la Russie ne vendra pas son pétrole si le prix est plafonné par les pays occidentaux, commente Le Temps (Genève). La Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, ne vendra pas de pétrole si le prix du brut est plafonné par les pays occidentaux, même si cela implique qu’elle doit réduire sa production, a déclaré ce dimanche 4 décembre le responsable énergie du président Vladimir Poutine. Les pays membres du G7 et l’Australie, se sont entendus ce samedi 3 décembre pour plafonner le prix du pétrole brut russe transporté par voie maritime à 60 dollars le baril, lorsque la Pologne a levé ses dernières objections »
« Selon ce mécanisme, les transporteurs maritimes et les compagnies d’assurance et de ré-assurance ne pourront prendre en charge les cargaisons de brut russe que si son prix n’excède pas le plafond, ce qui compliquera de facto toute transaction à un prix plus élevé, même pour les pays tiers. L’idée est de tarir les revenus de la Russie pour l’empêcher de financer la guerre en Ukraine avec ses ventes de pétrole ».
#1/
UN EFFET BOOMERANG ?
Le vice-premier ministre russe, Alexander Novak, a déclaré dimanche que « la décision de l’Occident constituait une ingérence grossière qui contredisait les règles du libre-échange et déstabiliserait les marchés mondiaux de l’énergie en provoquant une pénurie d’approvisionnement »
« Nous travaillons sur des mécanismes pour empêcher l’utilisation d’un instrument de plafonnement des prix, quel que soit le niveau fixé, car une telle ingérence pourrait déstabiliser davantage le marché », a déclaré Alexander Novak, responsable en charge du pétrole, du gaz, de l’énergie atomique et du charbon en Russie.
« Nous vendrons du pétrole et des produits pétroliers uniquement aux pays qui travailleront avec nous dans les conditions du marché, même si nous devons réduire un peu la production », a-t-il ajouté.
Selon Alexander Novak, « ce plafonnement occidental pourrait perturber les marchés et pourrait affecter d’autres pays que la Russie ».
La vente de pétrole et de gaz à l’Europe représente l’une des principales sources de revenus en devises de la Russie depuis la Deuxième Guerre mondiale. Selon une source qui a souhaité ne pas être identifiée, un décret est en préparation pour interdire aux entreprises russes tout commerce avec les pays et les entreprises qui se soumettraient à ce plafond.
Depuis le début de son offensive en Ukraine, Vladimir Poutine affirme que les États-Unis et leurs alliés mènent une guerre économique contre la Russie en appliquant les sanctions les plus sévères de l’histoire moderne.
La Russie pourrait néanmoins disposer de suffisamment de pétroliers pour expédier la majeure partie de son pétrole sans qu’il ne soit soumis aux restrictions occidentales, ont déclaré en octobre à Reuters des acteurs de l’industrie et un responsable américain, soulignant les limites du plan des pays occidentaux, pourtant le plus abouti pour limiter les revenus de guerre de Moscou.
LES EXPERTS PARTAGES SUR L’EFFICACITE DU PLAFONNEMENT DU PRIX DU BARIL RUSSE
« IVRE DE LUI-MEME, L’OCCIDENT EST PRIS DE « DELIRIUM TREMENS » (L’EXPERT FLORENT MACHABERT)
« L’UE doit interdire la quasi totalité des importations de pétrole russe dans l’Union lundi prochain, mesure qui devrait être couplée à un plafonnement international du prix des exportations russes. Cependant, à quelques jours de l’entrée en vigueur de ces mesures, l’ensemble des États-membres ne s’étaient pas encore mis d’accord sur le prix-plafond. L’Union européenne a travaillé le dossier avec les pays du G7, lesquels ont plaidé pour un plafond de 65 à 70 $ le baril. Nous apprenons au moment de conclure ce 21ème Hebdo que l’UE valide finalement un plafond à 60 $, de nature à « favoriser l’efficacité de [son] embargo ». Mais l’UE sait-elle que tout mécanisme empêchant la flexibilité des prix, à la baisse comme ici à la hausse, engendre immanquablement déséquilibres, désajustements, ruptures des chaînes d’approvisionnement, pénuries et rationnements sur les marchés ? Sait-elle qu’elle se meut insensiblement en « UERSS » ? »
« Afin tout à la fois de permettre au pétrole russe de continuer à circuler tout en réduisant la capacité de Moscou à financer son opération spéciale, les Polonais avaient proposé un plafond à 30 $. On se demande pourquoi certains n’ont pas proposé un seuil à zéro. Je ne sais pas vous, mais je les trouve timides en ce moment nos eurocrates… »
Afin de limiter les revenus de Moscou pour financer le conflit en Ukraine, l’Australie, l’Union européenne et le G7 se sont mis d’accord pour plafonner à 60 dollars le prix du baril russe transporté par voie maritime. Le mécanisme entrera en vigueur à partir de ce début de semaine.
Les pays qui appliqueront ce mécanisme vont donc interdire à leurs assureurs et à leurs compagnies maritimes de livrer du pétrole russe à plus de 60 dollars le baril. Ce prix est plus élevé que le coût de production du pétrole en Russie, ce qui permet à Moscou d’en tirer quelque profit. Le but étant de lui permettre de continuer à vendre son brut et d’éviter ainsi le risque de provoquer une pénurie sur le marché mondial, avec pour conséquence une flambée des cours. En revanche, le plafonnement du prix est inférieur aux cours mondiaux, ce qui va limiter les revenus que la Russie pourrait tirer de la vente de son or noir. Rappelons que la Russie a tiré 67 milliards d’euros de ses ventes de pétrole à l’UE depuis le début de la guerre en Ukraine, tandis que son budget militaire annuel s’élève à environ 60 milliards, rappelle Phuc-Vinh Nguyen, expert des questions énergétiques à l’Institut Jacques Delors.
CE MECANISME A-T-IL DES CHANCES DE FONCTIONNER ?
LES EXPERTS SONT PARTAGES.
Certains disent que ce mécanisme sera efficace car les pays du G7 fournissent en effet des prestations d’assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l’Union européenne est un acteur majeur du fret maritime. Avec le risque pour eux cependant de perdre des parts de marchés au profit des compagnies de transport et d’assurances concurrentes telles chinoises, indiennes ou russes.
D’autres spécialistes craignent au contraire une déstabilisation du marché mondial et assurent comme Philippe Charlez, expert énergie l’Insitut Sapiens, que certains pays, poussés par le besoin de s’approvisionner, n’hésiteront pas à payer le pétrole plus cher. « Vous aurez beau imposer un prix à 60 dollars, si un pays africain ou la Chine, ou l’Inde, ou le Vietnam, a absolument besoin de pétrole, il le paiera plus cher si nécessaire. Donc, réellement, c’est quelque chose de très théorique, (que) je ne vois pas être réellement applicable sur le plan pratique. Le prix du pétrole est mondial et on ne peut pas y échapper dû aux problèmes de transport. À 60 dollars le baril, les Russes ne vont pas nous vendre ce brut. Aujourd’hui, il vaut à peu près 90 dollars. Les Chinois et les Indiens seront très heureux de l’acheter à 80, avec un discount à peu près d’une dizaine de %, c’est-à-dire que jamais ils ne nous le vendront à 60 dollars. » Ce plafonnement, c’est un peu de donner bonne conscience, conclut Philippe Charlez.
Ces mêmes experts s’interrogent sur la réaction des pays producteurs de l’Opep, qui se réunissent ce dimanche à Vienne. L’attitude des pays de l’Opep ou de gros acheteurs comme l’Inde et la Chine sera cruciale pour envisager la suite de ce plafonnement.
Ce samedi, les furieux de Kiev ont réagi officiellement à ce dispositif par la voix du chef de cabinet de la présidence ukrainienne. « L’économie de la Russie sera détruite (sic), et elle paiera et sera responsable de tous ses crimes » (resic), a assuré M. Iermak, regrettant cependant que le prix plafond n’ait pas été encore abaissé à 30 dollars
L’OPEP+ EN REUNION A LA VEILLE DE NOUVELLES SANCTIONS CONTRE LA RUSSIE
La Russie est vent debout contre le plafonnement du prix de son pétrole que l’Union européenne, le G7 et l’Australie ont prévu de mettre en place lundi « ou très peu de temps après ».
(Vienne) Les producteurs de pétrole de l’OPEP+ devraient opter dimanche pour la prudence et maintenir les coupes actuelles, à la veille de l’entrée en vigueur de nouvelles sanctions contre Moscou, pilier avec Riyad de l’alliance.
Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), conduits par Riyad, et leurs dix alliés emmenés par Moscou, se retrouvent dimanche matin dans un climat électrique.
La Russie est vent debout contre le plafonnement du prix de son pétrole que l’Union européenne, le G7 et l’Australie ont prévu de mettre en place lundi « ou très peu de temps après ».
C’est aussi ce jour-là que débute l’embargo de l’UE sur le brut russe acheminé par voie maritime, qui va supprimer les deux tiers de ses achats à Moscou.
Objectif de ces mesures : priver Moscou des moyens de financer sa guerre en Ukraine.
Pour l’OPEP+, la question est de savoir quel sera l’impact sur l’offre d’or noir russe.
Les analystes de DNB évoquent « une grande incertitude ».
Le cours du baril de brut de l’Oural évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond de 60 dollars, impliquant un effet limité à court terme.
MAIS LE KREMLIN A PREVENU QU’IL NE LIVRERAIT PLUS DE PETROLE AUX PAYS QUI ADOPTERAIENT CE MECANISME.
De quoi placer certaines nations « dans une position très inconfortable : choisir entre perdre l’accès au brut russe bon marché ou s’exposer aux sanctions du G7 », explique Craig Erlam, analyste chez Oanda.
Devant ces inconnues, l’alliance pourrait décider de « rester à l’écart des projecteurs et surveiller si les cours montent en flèche » après ce nouveau train de sanctions, souligne DNB, anticipant une réunion « discrète ».
Le choix d’une rencontre virtuelle, et non au siège du cartel à Vienne, renforce le scénario du statu quo, c’est-à-dire une baisse de 2 millions de barils par jour en décembre, comme les mois précédents, selon les analystes. Une piste confirmée à l’AFP par une source iranienne.
Craig Erlam n’exclut cependant pas « une coupe plus drastique » pour soutenir les cours, affectés par la morosité économique mondiale.
S’ils se sont légèrement redressés ces derniers jours, aidés par les timides mesures d’assouplissement de la politique sanitaire chinoise du zéro COVID-19, les deux références mondiales du brut restent non loin de leur plus bas niveau de l’année, loin de leurs sommets de mars.
Depuis la dernière réunion de l’alliance début octobre, le Brent de la mer du Nord et son équivalent américain, le WTI, ont perdu plus de 6 %.
Même s’il ne sabre pas ses quotas ce dimanche, le cartel pourrait dans les mois à venir « adopter une position plus agressive », dans un avertissement à l’Occident qui hérisse le cartel en réglementant les prix, pronostique Edoardo Campanella, analyste d’UniCredit.
Une stratégie qui risque d’« aggraver la crise énergétique mondiale », avertit-il.
PETROLE RUSSE : LES OCCIDENTAUX SONT DES CHAMPIONS ! L’Union européenne ordonne donc la fixation d’une limite de prix pour le pétrole russe à 60 dollars le baril, écrit Bloomberg, citant des sources. Auparavant, un niveau de 62 $ était offert. Ainsi, l’UE est parvenue à un accord à la fois entre les membres de l’union et avec le G7, qui comprend, outre les trois pays européens, les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et le Japon. On va encore le répéter : cela ne faire qu’augmenter le prix du pétrole et donc la facture pour le bloc occidental.
Pourquoi ? Parce que la Russie ne vendra pas en dessous du prix du marché. Et si dans leur monde idéal personne n’achète alors le pétrole russe, cela va produire un effet d’effondrement de l’offre mondiale et mécaniquement une explosion du prix du pétrole. Car ils ont oublié un petit détail : le monde n’obéit plus systématiquement à l’occident. Et autre point, un petit détail : la Russie est LE premier exportateur de pétrole au monde. Ah mince ! Ces occidentaux sont des champions de l’économie !
La Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, ne vendra pas de pétrole si le prix du brut est plafonné par les pays occidentaux, même si cela implique qu’elle doit réduire sa production, a déclaré ce dimanche 4 décembre le responsable énergie du président Vladimir Poutine.
LE PETROLE RUSSE CONTINUE ENCORE ET TOUJOURS A ETRE UNE EPINE DANS LE PIED DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ET de L’UNION EUROPEENNE EN PARTICULIER.
Les pays européens ont ainsi échoué, lundi 28 novembre, à plafonner les prix du baril de brut russe transporté par tanker. La plupart des pays voulaient un plafond plutôt élevé – aux alentours de 65 à 70 dollars le baril de Brent – tandis que la Pologne et les pays Baltes se battaient pour un prix plus proche de 30 dollars.
Il faut dire que les Vingt-Sept s’essayaient à un délicat exercice d’équilibriste : tomber d’accord sur un prix suffisamment bas pour heurter les rentrées d’argent russes qui permettent à Vladimir Poutine de financer sa guerre, sans pour autant priver le marché mondial de tout l’or noir russe, ce qui ferait dangereusement flamber les prix de l’énergie.
PEUR D’UNE ENVOLEE DES PRIX DU PETROLE
Cette bataille pour un plafond tarifaire sur les exportations russes de pétrole par tanker se déroule déjà depuis plusieurs mois à l’échelle mondiale. Avant l’été, « l’Europe avait adopté un volet de sanctions qui prévoyaient un embargo sur les exportations russes de pétrole », souligne Simone Tagliapietra, spécialiste des questions de politique énergétique européenne à l’Institut Bruegel.
Le dispositif imaginé alors, qui doit entrer en vigueur le 5 décembre, prévoyait deux volets : l’arrêt des importations de pétrole russe sur le sol européen et des mesures pour rendre plus compliquée la redirection de ses exportations vers des pays tiers, tels que la Chine ou l’Inde.
C’est ce second pan des sanctions qui se retrouve au cœur de la bataille actuelle du plafond du prix. Les Européens avaient d’abord prévu d’interdire aux assureurs européens (parmi les plus importants au monde) d’assurer des pétroliers russes. Sans ce sésame, pas possible pour un transporteur de prendre la mer. Conséquence : le précieux hydrocarbure russe se serait fait beaucoup plus rare sur le marché mondial.
Une perspective qui a commencé à affoler certains pays, quand les prix du pétrole se sont mis à grimper à cause de la décision de l’Opep de réduire sa production. « Les pays du G7 ont, sous l’impulsion des États-Unis, proposé d’instaurer plutôt un plafond sur les prix au-dessus duquel les assureurs ne pourraient pas assurer le navire transportant l’hydrocarbure russe », explique Simone Tagliapietra.
L’interdiction se transformait ainsi en pilule moins amère. Et pas seulement pour Moscou. Washington voulait éviter scénario catastrophe : voir la pénurie d’hydrocarbure s’accroître en raison de la disparition du pétrole russe (la Russie est le 2e exportateur mondial), et les prix de l’énergie augmenter à un tel point que le monde se retrouve presque aussi pénalisé par ces sanctions que Moscou.
Ils ont donc proposé un prix plafond compris entre 65 et 70 dollars le baril qui a, ensuite, été repris par les membres européens du G7 début septembre. À l’époque, le Brent se vendait à plus de 80 dollars sur le marché mondial et la proposition américaine pouvait passer pour un vrai coup dur pour les finances russes. L’idée était que les assureurs n’auraient pas le droit de couvrir les tankers qui transportaient du brut russe vendu à plus cher que le prix plafond.
LE PRIX PLAFOND DU G7, DE LA POUDRE AUX YEUX ?
Sauf que la Pologne a rapidement jugé que cette proposition était de la poudre aux yeux. Soutenu par les pays Baltes, Varsovie a rappelé que la Russie était déjà forcée de vendre son pétrole à prix bradé… aux alentours de 65 dollars le baril. La proposition du G7 « risque fort de n’avoir absolument aucun effet sur les revenus que Moscou tire de ses exportations de pétrole », souligne Lawrence Haar, spécialiste de l’économie de l’énergie à l’université de Brighton.
La Pologne, l’un des pays qui prônent l’imposition des sanctions les plus sévères possibles à l’égard de Moscou, plaide pour un prix plafond plus proche de 30 dollars le baril. Varsovie rappelle que le coût de production du brut en Oural dépasse à peine les 10 dollars par baril.
Cette proposition peut sembler plus en phase avec l’objectif affiché de tarir la manne qui permet à Vladimir Poutine de financer sa guerre en Ukraine. Mais « elle risque d’être politiquement inacceptable pour certains pays européens », souligne Simone Tagliapietra.
En effet, des États comme « Chypre ou la Grèce doivent veiller sur les intérêts de leur secteur maritime », note Harald Oberhofer, économiste à l’Institut autrichien de recherches économiques (Wifo). « Ils craignent que leurs armateurs perdent des navires qui préfèreront se faire immatriculer dans des pays hors de l’Union européenne afin d’échapper aux effets sur l’embargo européen. »
Sans compter que, certes, « 95 % de la souscription d’assurance pour les pétroliers est actuellement fournie par les consortiums du G7. Mais combien de temps faudra-t-il avant que les Chinois ne commencent à s’y substituer ? », s’interroge Barry Eichengreen, économiste américain lors d’un débat organisé en septembre par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), raconte Les Échos.
Ils ont donc proposé un prix plafond compris entre 65 et 70 dollars le baril qui a, ensuite, été repris par les membres européens du G7 début septembre. À l’époque, le Brent se vendait à plus de 80 dollars sur le marché mondial et la proposition américaine pouvait passer pour un vrai coup dur pour les finances russes. L’idée était que les assureurs n’auraient pas le droit de couvrir les tankers qui transportaient du brut russe vendu à plus cher que le prix plafond.
Le prix plafond du G7, de la poudre aux yeux ?
Sauf que la Pologne a rapidement jugé que cette proposition était de la poudre aux yeux. Soutenu par les pays Baltes, Varsovie a rappelé que la Russie était déjà forcée de vendre son pétrole à prix bradé… aux alentours de 65 dollars le baril. La proposition du G7 « risque fort de n’avoir absolument aucun effet sur les revenus que Moscou tire de ses exportations de pétrole », souligne Lawrence Haar, spécialiste de l’économie de l’énergie à l’université de Brighton.
La Pologne, l’un des pays qui prônent l’imposition des sanctions les plus sévères possibles à l’égard de Moscou, plaide pour un prix plafond plus proche de 30 dollars le baril. Varsovie rappelle que le coût de production du brut en Oural dépasse à peine les 10 dollars par baril.
Cette proposition peut sembler plus en phase avec l’objectif affiché de tarir la manne qui permet à Vladimir Poutine de financer sa guerre en Ukraine. Mais « elle risque d’être politiquement inacceptable pour certains pays européens », souligne Simone Tagliapietra.
En effet, des États comme « Chypre ou la Grèce doivent veiller sur les intérêts de leur secteur maritime », note Harald Oberhofer, économiste à l’Institut autrichien de recherches économiques (Wifo). « Ils craignent que leurs armateurs perdent des navires qui préfèreront se faire immatriculer dans des pays hors de l’Union européenne afin d’échapper aux effets sur l’embargo européen. »
Sans compter que, certes, « 95 % de la souscription d’assurance pour les pétroliers est actuellement fournie par les consortiums du G7. Mais combien de temps faudra-t-il avant que les Chinois ne commencent à s’y substituer ? », s’interroge Barry Eichengreen, économiste américain lors d’un débat organisé en septembre par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), raconte Les Échos.
La situation ressemble, ainsi, à une impasse. Un prix plafond trop élevé n’aura aucun effet sur les rentrées d’argent de la Russie, tandis que s’il est trop bas « Moscou va trouver des moyens de contourner la sanction », estime Lawrence Haar.
Les tenants du « prix G7 » soutiennent qu’il s’agit d’un premier pas. Ils expliquent que le plus important « est d’introduire le mécanisme de sanction, quitte à baisser le prix plafond par la suite si nécessaire », explique Simone Tagliapietra. Il s’agirait, en réalité, d’une sorte d’épée de Damoclès que la communauté pourrait agiter en permanence au-dessus de la tête des Russes. « La menace est toujours plus forte que l’exécution », pour reprendre les propos d’Aaron Nimzowitsch, célèbre théoriticien d’échecs qui expliquait qu’il fallait souvent mieux faire planer le danger sur l’échiquier pour pousser l’adversaire à la faute et gagner une partie.
Une autre option serait de placer le prix plafond entre la proposition du G7 et celle de la Pologne. « On pourrait imaginer un prix aux alentours de 50 dollars », souligne Simone Tagliapietra.
Mais cela ne résout pas le problème inhérent à ce mécanisme. « Le prix plafond ne fonctionne que s’il est en dessous de ceux du marché, et on ne peut pas savoir ce qu’il en sera pour celui du pétrole dans trois mois ou plus », résume Harald Oberhofer. S’il faut ajuster constamment le curseur en suivant le cours du brut, c’est toute la construction qui risque rapidement d’apparaître comme une usine à gaz.
« Le seul moyen efficace de réduire les revenus du pétrole de la Russie serait d’empêcher purement et simplement les bateaux russes de quitter les ports avec leur précieuse cargaison », note Lawrence Haar. Mais pour ce faire, il faut pouvoir imposer un tel embargo… par la force si nécessaire, ce qui serait probablement considéré comme un acte de guerre par Moscou.
#2/
« PETROLE RUSSE : POUR LES ARMATEURS GRECS, «LA MOITIE DE LA PLANETE SE MOQUE COMPLETEMENT DU BOYCOTT» ! »(LIBERATION)
« Pour les transporteurs maritimes grecs, qui apportent le pétrole de Russie en Europe, les sanctions prévues le 5 décembre par l’UE seront illusoires et entraîneront des hausses de prix. Les armateurs grecs possèdent 21% de la capacité mondiale du transport maritime. et même 40% pour le transport du pétrole. »
«L’embargo sur le transport maritime du pétrole russe aura un effet positif : nous, les armateurs, allons devenir plus riches. Les coûts du transport, qui flambent déjà, vont monter plus vite encore !» L’homme qui lance cette phrase un brin provocatrice s’appelle Nicolas A. Vernicos. Il est, sans doute, le seul armateur grec qui accepte de parler à la presse dans ce monde maritime où le silence est la règle. «Historiquement, les Grecs ont toujours respecté les boycotts décidés par la Grèce et ses alliés», rappelle tout de même celui qui porte aussi la casquette de président de la Chambre internationale de commerce en Grèce. Il promet que, cette fois encore, son pays compte bien respecter «les nouvelles conditions en vigueur dès le 5 décembre», date d’entrée en vigueur de l’embargo. Mais, selon lui, «les boycotts ont comme conséquence de faire grimper les prix des biens importés ou exportés du pays sous embargo». La décision européenne ne serait donc qu’un pur bénéfice pour les «chauffeurs de taxi de la mer qui vont là où il y a du travail».
EMBARGO PETROLIER : COMMENT LA RUSSIE PEUT FAIRE PASSER SON BRUT EN DOUCE
Et dans ce cas, le travail a des règles, mais n’a pas de frontière. Aujourd’hui, les armateurs grecs, dont les navires portent le plus souvent un pavillon maltais ou chypriote, dominent le marché de la mer. Pour l’essentiel, leur flotte est composée de tankers et de vraquiers. Ils possèdent 21% de la capacité mondiale du transport maritime. Cette part grimpe à 40% pour le transport du pétrole. »
PÉTROLE: COMMENT LA RUSSIE POURRAIT CONTOURNER LES SANCTIONS EUROPÉENNES GRÂCE À DES « CARGOS FANTÔMES »
Pour faire face aux sanctions occidentales, la Russie aurait constitué une flotte de plus d’une centaine de navires achetés par des anonymes pour transporter le pétrole russe sans permettre de vérifier leur contenu et le montant des marchandises.
L’Union européenne et le G7 durcissent le ton vis-à-vis de la Russie. Depuis ce matin, deux mesures sont entrées en vigueur: le plafonnement des prix du pétrole russe à 60 dollars le baril et un embargo de l’UE sur le brut acheminé par voie maritime, comme celui déjà décidé par les États-Unis et le Canada. »Je ne suis pas sûr que l’on arrivera sur chacun des cargos [russes] à contrôler à quel prix sera vendu le brut et s’il sera en dessous ou au-dessus des 60 dollars », confirme à BFM Business Denis Florin, associé fondateur de Lavoisier Conseil.
En effet, Moscou a constitué une flotte de pétroliers qui ne permet pas de savoir ce qu’ils transportent et à quel prix. Ces navires ont été surnommés « shadow tankers », en français des cargos fantômes. Selon Anoop Singh, responsable de la recherche sur les pétroliers, la Russie disposerait de 29 superpétroliers capable de transporter plus de 2 millions de barils, de 31 pétroliers de taille Suezmax (1 million de barils), et 49 pétroliers Aframax d’une capacité d’environ 700.000 barils.
Ces pétroliers de plus d’une dizaine d’années, étaient promis à la destruction. Ils ont été acquis par des acheteurs anonymes ou inconnus des registres de la marine marchande.
« Nous sommes convaincus que la majorité de ces navires sont destinés à la Russie », a déclaré Anoop Singh au Financial Times.
APPROVISIONNER L’INDE, LA CHINE ET LA TURQUIE
Andrei Kostin, directeur de la banque publique russe VTB, avait évoqué en octobre un budget de 16,2 millions de dollars pour en faire l’acquisition. Cette armada doit pouvoir approvisionner des pays tels que l’Inde, la Chine et la Turquie sans jamais passer par les ports ou les eaux territoriales de pays occidentaux. Et pour ce rendre encore plus invisibles, ils éteindraient leur AIS, le GPS maritime, pour n’être ni vus, ni identifiés.
Pour Denis Florin, cette stratégie risque d’affaiblir l’impact de l’embargo.
« Les Russes vendent à des prix qui sont supérieurs à ce qu’ils étaient avant leur entrée en guerre. Si on regarde ce qu’il s’est passé pour le Venezuela, ces mesures ont tendance à renforcer ces pays autocratiques plutôt que les menacer. »
Cette analyse est partagée par Richard Meade, analyste pour la Lloyd’s List Intelligence qui rappelle au site Foreign Policy qu’à « chaque fois que de nouvelles sanctions sont imposées, l’industrie du transport maritime trouve des astuces pour y échapper ».
« Nous assistons à l’apparition de nouvelles compagnies maritimes comme nous l’avons vu après les sanctions iraniennes, vénézuéliennes et nord-coréennes. À l’époque où les sanctions ont été imposées pour la première fois à l’Iran, les navires éteignaient leur AIS et devenaient sombres, puis réapparaissaient ailleurs », rappelle Richard Meade.
RESTE LA QUESTION DES ASSURANCES NECESSAIRES POUR PERMETTRE AUX NAVIRES MARCHANDS DE NAVIGUER.
Cette flotte fantôme ne peut pas obtenir d’assurance commerciale et aucune entreprise maritime n’assumera individuellement le risque surtout pour le transport des marchandises dangereuses comme le pétrole.
Là encore, une astuce a été trouvée. L’Iran a créé une assurance P&I (shipping property and indemnity) qui a inspiré les Russes, indique Richard Meade. Dès juin, la Compagnie nationale de réassurance russe couvre les tankers russes après l’annulation de la couverture par les assureurs occidentaux.
PETROLE: COMMENT LA RUSSIE POURRAIT CONTOURNER LES SANCTIONS EUROPEENNES GRACE A CES « CARGOS FANTOMES » (LE MONDE)
« Les sanctions européennes sur le pétrole russe embarrassent les armateurs grecs. Opposé à l’embargo sur l’or noir russe, le secteur pourrait tout de même sortir gagnant de l’accord européen sur le plafonnement des prix. »
« Fin août, le Stavros, un tanker appartenant à une grande famille d’armateurs grecs, charge 53 000 tonnes de charbon d’un port russe de la mer Noire, révèle Bloomberg. Le 5 septembre, il avait rejoint le port d’Iskenderun, dans le sud de la Turquie. Ce n’est pas un cas exceptionnel. Selon le portail d’information sur le transport maritime, Lloyd’s List Intelligence, sur les 204 navires en partance des ports russes en mai, 79 appartenaient à des propriétaires grecs. Au large du golfe de Laconie, dans le sud du Péloponnèse, depuis des mois, des opérations de transbordement en pleine mer, permettant de transférer dans les eaux internationales du pétrole d’un bateau russe à un autre européen, sont menées. »
Selon le quotidien nippon Nikkei, « durant les six premiers mois suivant l’invasion russe en Ukraine, 41 navires ont été impliqués dans de telles activités au large de la Grèce. L’année précédente, il n’y en avait qu’un. Jusqu’à présent, la flotte grecque figurait parmi les plus gros transporteurs de pétrole russe, et la guerre en Ukraine n’a pas interrompu leur activité, ce qui avait provoqué la colère du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Nous voyons des sociétés grecques mettre à disposition une grande flotte de pétroliers pour transporter le pétrole russe. Je suis sûr que ce n’est pas dans l’intérêt de l’Europe, de la Grèce ou de l’Ukraine. Il faut être plus uni pour que la Russie soit obligée de chercher des solutions pacifiques », avait-il déclaré en juillet. S’il était jusqu’à présent légal d’effectuer ces opérations de transbordement et d’acheminer du pétrole russe hors de l’Union européenne, comme en Inde, en Chine, ou en Turquie, ce ne sera plus le cas à partir du lundi 5 décembre, avec la mise en place des sanctions européennes. »
« Première puissance maritime au monde en matière de navires marchands, les armateurs grecs possèdent 5 895 bateaux, soit environ 21 % de la capacité mondiale, et même jusqu’à 40 % des tankers transportant du pétrole dans le monde entier. Craignant que les sanctions européennes ne conduisent à une migration des activités vers des pays qui n’appliquent pas ces mêmes réglementations, le puissant lobby des armateurs grecs hausse le ton depuis quelques mois ».
#3/
COMMENT LA RUSSIE VA CONTINUER A EXPORTER SON PETROLE MALGRE L’EMBARGO EUROPEEN
La Russie est donc soumise à un embargo des Européens sur ses exportations de brut par la mer à compter de ce 5 décembre 2022. Pour préserver sa manne pétrolière, elle pourrait contourner cette interdiction en suivant l’exemple du Venezuela et de l’Iran. Ces deux pays sous embargo pétrolier continuent à exporter par des voies détournées.
La République islamique est passée maître dans ce commerce clandestin. Il y a à peine une semaine, une importante cargaison de brut iranien (700 000 barils) a été déchargée dans le port syrien de Banias. Le bateau qui en assurait le transport avait été repéré et bloqué en Grèce par les autorités américaines. Il a fini par repartir vers sa destination finale sur une décision de la justice grecque. Les péripéties de ce tanker ne sont que la partie émergée de ces ventes occultes.
En théorie, le pétrole iranien n’est quasiment plus exportable depuis 2018 et 2019, années de l’embargo décrété par les États-Unis. En pratique, l’or noir continue de sortir du pays, jusqu’à un million de barils par jour ces derniers mois. Sur le moyen terme, les sanctions américaines ont au moins divisé par deux les exportations de brut iranien. Elles sont donc efficaces, mais pas totalement étanches.
Téhéran a constitué une flotte de pétroliers fantômes pour assurer les livraisons
Ce sont souvent des vieux bateaux, circulant parfois sans assurance. À l’abri des regards, au large de la Malaisie par exemple, les équipages mélangent des origines de pétrole, ou transbordent des cargaisons sur d’autres navires et falsifient les documents sur la marchandise. Des pratiques compliquées, coûteuses et qui ralentissent les échanges, mais qui parviennent à leur objectif. L’autre défi de ce commerce occulte pour l’Iran, interdit de toute transaction en dollar, est d’obtenir un paiement sur un marché fonctionnant avec la devise américaine.
C’est là qu’interviennent les chambres de compensation iraniennes. Leur rôle est de convertir ces pétrodollars via un labyrinthe de sociétés écrans. Elles ont des filiales dans des pays bienveillants, comme la Chine – le principal destinataire de ce brut vendu sous le manteau –, la Turquie ou encore les Émirats arabes unis. Les banques occidentales refusent de financer de tels contrats par crainte des représailles américaines, mais elles peuvent être utilisées par les chambres de compensation iraniennes, à leur insu, ou par des sociétés écrans non répertoriées par les services américains.
LA RUSSIE CONSERVE LE DROIT D’EXPORTER SON PETROLE. EN QUOI SERA-T-ELLE TENTEE D’IMITER L’IRAN OU LE VENEZUELA ?
La Russie avait l’habitude de déléguer le transport de son brut à des sociétés de fret et d’assurances européennes, ce qui lui est maintenant interdit s’il dépasse le plafond des 60 dollars le baril. Elle a donc intérêt à recourir à cette flotte fantôme pour continuer à desservir les marchés européens par des voies détournées et éventuellement pour vendre son huile au-delà des 60 dollars, ce qui dépend aussi des conditions du marché et du bon vouloir des acheteurs.
L’Iran et le Venezuela disposent d’une flotte fantôme de 200 tankers, environ le tiers serait déjà au service de la Russie
Depuis cet été, le marché des tankers d’occasion s’est enflammé. De vieux navires ont vu leur prix doubler sous la pression d’une nouvelle demande, émanant sans doute d’acheteurs liés à la Russie. Et depuis le mois d’octobre, une partie des pétroliers basés jusqu’alors à Chypre et à Malte sont partis se faire enregistrer ailleurs, là où ils pourront continuer à convoyer du pétrole russe sans entraves, comme ils avaient coutume de le faire. On verra dans les prochaines semaines si les capacités de ce fret fantôme suffisent à couvrir les besoins de Moscou. Les experts en doutent. La Russie anticipe ce manque à gagner : hier, elle s’est dite prête à réduire sa production.
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« AU LIEU DE PUNIR LA RUSSIE, ON SE PUNIT NOUS-MEMES.
La Russie vend, par ailleurs, son pétrole avec une forte réduction à la Chine et à l’Inde, qui, ensuite, revendent leurs produits raffinés à l’Europe à des prix exorbitants ! », s’était indigné Evangelos Marinakis, président de Capital Maritime & Trading Corp., notamment propriétaire de plusieurs médias et de clubs de foot. Pour George Prokopiou, parmi les plus importants armateurs du pays, « les sanctions n’ont jamais fonctionné (…). L’Union européenne se tire une balle dans le pied ».
LA FAILLITE DE L’UE ANNONCEE, L’EXEMPLE SICILIEN : PROPRIETE DE LUKOIL, LA PLUS GRANDE RAFFINERIE DE PETROLE D’ITALIE POURRAIT SUSPENDRE SON ACTIVITE CET HIVER. DES MILLIERS D’EMPLOIS SONT MENACES.
« La plus grande raffinerie d’Italie, a Syracuse, risque de fermer ses portes avec les sanctions contre Moscou declenchées a la suite de l’invasion en Ukraine. »
« À Priolo Gargallo, petite commune de la côte orientale sicilienne, à quelques kilomètres de Syracuse, on regarde avec appréhension les jours défiler sur le calendrier. Entouré en rouge : le 5 décembre, jour d’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe. Une date loin d’être anecdotique pour la ville qui abrite le site Isab-Lukoil, la plus grande raffinerie d’Italie et l’une des plus importantes d’Europe. Une usine, propriété du géant énergétique russe, qui ne traite plus aujourd’hui que du brut en provenance de la Fédération de Russie. »
« Impossible pour la raffinerie de se fournir sur le reste du marché international. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les banques ont suspendu les lignes de crédit de l’entreprise, bien que le groupe Lukoil ne soit soumis à aucune sanctions. »
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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