Luc MICHEL
2022 10 04/ avec Press TV/
Après la Centrafrique et le Mali, la Russie face à la France au Burkina Faso …
LE BURKINA RALLIERA LA RUSSIE?
Au Burkina Faso, les militaires ayant annoncé un coup d’État, vendredi 30 septembre, accusent l’ancien chef de la junte, le colonel Damiba, de « tenter de reprendre le pouvoir avec l’aide de la France ».
Enragés, des manifestants se sont pris au bâtiment abritant l’ambassade de France à Ouagadougou, au Burkina Faso, en ces deux derniers jours, afin d’exprimer leur exaspération. Des manifestants, soutenant les militaires auteurs du coup de force, ont mis le feu, dimanche 2 octobre, à des barrières et jeté des pierres contre le bâtiment.
Sachant qu’un autre feu avait été allumé, samedi 1er octobre, devant l’Institut français à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Des violences que le ministère français des Affaires étrangères condamne fermement.
IL CONVIENT DE SIGNALER QUE DES DRAPEAUX DE LA RUSSIE ONT ETE BRANDIS, VENDREDI ET SAMEDI, PAR DES MANIFESTANTS
Il convient de signaler que des drapeaux de la Russie ont été brandis, vendredi et samedi, par des manifestants appelant au départ du colonel Damiba, critiqué pour son impuissance à mettre fin aux attaques terroristes au Sahel. Sans citer la Russie, les auteurs de ce nouveau coup de force ont affirmé samedi leur volonté « d’aller vers d’autres partenaires » que la France pour lutter contre le terrorisme. Un discours rappelant celui du gouvernement malien qui a poussé l’armée française en dehors du pays.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui était arrivé au pouvoir au Burkina Faso par un putsch en janvier dernier et refusait sa destitution annoncée le 30 septembre par un jeune capitaine, a accepté de démissionner le 2 octobre.
Son départ était réclamé à Ouagadougou par des milliers de manifestants favorables au capitaine Ibrahim Traoré qui avait annoncé sa destitution, le 30 septembre au soir. À la suite d’une médiation menée entre les deux rivaux par des chefs religieux et communautaires, « le président Paul-Henri Sandaogo Damiba a proposé lui-même sa démission afin d’éviter des affrontements aux conséquences humaines et matérielles graves », indique un communiqué de ces chefs très influents au Burkina Faso.
Depuis l’annonce le soir du 30 septembre par des militaires emmenés par le capitaine Traoré de la destitution de Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’État en janvier, la tension a été vive au Burkina. Le putschiste déchu avait clairement fait savoir qu’il n’entendait pas abdiquer, en dépit des manifestations qui lui étaient hostiles.
Un communiqué séparé publié le 2 octobre par les militaires pro-Traoré indique que le capitaine « est chargé de l’expédition des affaires courantes jusqu’à la prestation de serment du président du Faso désigné par les forces vives de la nation », à une date non précisée.
Dans un discours prononcé devant une trentaine de secrétaires généraux de ministères, le capitaine Traoré s’est excusé pour les militaires qui « ont troublé Ouagadougou » ces dernières heures. « Cela est arrivé parce que certaines choses ne fonctionnent pas bien », a-t-il dit, et « il faut aller vite » pour changer cela, car « tout le pays est en situation d’urgence ».
Des manifestants contre Paul-Henri Sandaogo Damiba s’en sont également pris à des institutions officielles françaises ce week-end, accusant Paris d’aider le dirigeant déchu à reprendre le pouvoir, malgré les démentis des autorités françaises. Ces protestataires ont prôné la fin de la présence militaire française au Sahel, ainsi qu’une coopération militaire avec la Russie.
Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a également affirmé un point essentiel sur la chaîne de propagande française France24, « la France ne peut pas s’ingérer dans nos affaires, c’est une affaire interne, et je sais que la France ne peut pas s’ingérer directement dans nos affaires (…) Il n’est pas de l’intérêt de la France de soutenir un individu qui veut un affrontement (…) La France n’a aucune légitimité pour s’ingérer directement dans nos affaires », a déclaré Ibrahim Traoré.
La Cédéao a condamné avec la plus grande fermeté le coup d’État au Burkina Faso qu’elle trouve inopportun. Dans un communiqué publié vendredi, l’organisation a exigé le respect scrupuleux du chronogramme déjà retenu avec les autorités de transition pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024. L’Union africaine et l’Union européenne ont également dénoncé le putsch. Le secrétaire général de l’ONU a condamné « toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes ». Antonio Guterres a appelé les acteurs à s’abstenir de toute violence et à rechercher le dialogue. Washington s’est dit « profondément préoccupé » par la situation au Burkina Faso. Les États-Unis, qui disent suivre la situation de près, appellent au retour à « l’ordre constitutionnel ».
LES PUTSCHS CONTINUERONT TANT QUE LES AUTORITES NE SUIVRONT PAS LA LIGNE TRACEE PAR LA POPULATION BURKINABE
Lors du premier coup d’État contre l’ex-président Kaboré, la population avait déjà placé la ligne à suivre en demandant le retrait immédiat de l’ambassadeur et des troupes militaires français du territoire burkinabé. Les revendications du peuple burkinabé et malien sont les mêmes. Si les autorités ne suivent pas la volonté du peuple, les coups de force s’enchaîneront jusqu’à ce qu’un patriote de la trempe d’Assimi Goita prenne la place de dirigeant.
LA LIGNE A DEJA ETE TRACEE PAR L’ANCIEN PRESIDENT PANAFRICANISTE THOMAS SANKARA
Le peuple veut suivre cette ligne, c’est au tour des Autorités de la suivre également. De plus, le peuple burkinabé n’est pas dupe et attend avec impatience le premier discours officiel du nouvel homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, pour voir si le discours montre clairement et précisément la position du Burkina Faso ou il sera rempli de blabla. Encore une fois, c’est le peuple qui décide de la ligne à suivre, si les autorités ne suivent pas la ligne du peuple, ils seront dégagés rapidement.
LE PUTSCHISTE BURKINABE VOULAIT L’AIDE DE LA RUSSIE
Le meneur du coup d’Etat au Burkina avait tenté de convaincre le président déchu de demander une aide à la Russie. C’est ce que révèle le journal en ligne américain The Daily Beast (Réseaux Sorös).
Le meneur du coup d’Etat au Burkina Faso a-t-il tenté, en vain, de persuader le président Roch Marc Christian de faire venir les russes au Burkina avant de le renverser ? C’est en tous cas ce que révèle un article du journal en ligne américain The Daily Beast.
Ce mois de janvier, Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait participé à une réunion sur la situation sécuritaire organisée par le président Roch Marc Christian Kaboré et selon les informations du site d’information Daily Beast, « celui-ci lui aurait demandé au président de faire intervenir le groupe Wagner pour aider l’armée à maîtriser la situation ». Toujours selon le Daily Beast, « le président Kaboré aurait rapidement rejeté l’idée et a même rappelé à Damiba que les gouvernements européens venaient de condamner le déploiement de ces paramilitaires russes qualifiés de mercenaires au Mali ».
LES SOCIETES PARAMILITAIRES RUSSES
Les sociétés paramilitaires russes ont été identifiées pour la première fois en 2014, combattant aux côtés de séparatistes pro-russes dans le conflit dans l’est de l’Ukraine. Elle ont depuis été identifiées en Afrique, notamment en Centrafrique, au Mozambique, au Mali, et bien sûr aussi en Libye.
La « présence de Wagner » (sic) en Centrafrique et au Mali est indéniable selon des observateurs, même si les gouvernements malien et centrafricain préfèrent parler d’instructeurs à la place de mercenaires. « Le Mali n’était que la partie visible de l’iceberg. Le groupe Wagner existait déjà et on savait qu’il était très actif en Centrafrique”, explique Christine Holzbauer, spécialiste atlantiste des questions russo-africaines.
LES PUTSCHISTES BURKINABE SONT-ILS DONC SOUTENUS PAR LA RUSSIE OU LA RUSSIE CHERCHERAIT-ELLE A LES RECUPERER ?
Difficile à répondre pour l’instant mais les déclarations de certaines personnalités russes proches du président Vladimir Poutine pourraient confirmer la thèse d’une opération d’envergure.
DES PROCHES DE POUTINE SOUTIENNENT LES PUTSCHISTES AU BURKINA FASO
Des proches de Poutine saluent le coup d’Etat !
L’homme d’affaires russe Evguéni Prigojine, proche du président russe et considéré en occident comme « celui qui finance le groupe de mercenaires Wagner », a ainsi salué le putsch au Burkina Faso comme le signe d’une « nouvelle ère de décolonisation en Afrique ».
Alexandre Ivanov, qui se présente comme le président de la « Communauté des officiers pour la sécurité internationale » (Cosi), « l’organisme sous l’égide duquel interviennent les instructeurs russes en RCA » – « qui pourrait être un nom sous lequel se dissimule Wagner » (resic) -, a lui aussi loué les putschistes de Ouagadougou. Dans un communiqué publié sur Twitter, il a estimé que la France n’avait obtenu « aucun succès » dans la lutte antiterroriste dans la région.
Pour le politologue burkinabè Médard Kiénou, « il faut situer ces déclarations et sortie dans le cadre des rivalités entre la Russie et les occidentaux”.
LE RETOUR DE LA RUSSIE SUR LE CONTINENT
Moscou chercherait ainsi à retrouver son influence qu’elle a perdue en Afrique dans les années 1990, et c’est ce que certains appellent « le grand retour de la Russie en Afrique ». Le ton avait été donné à Sotchi lors du sommet russo-africain, en octobre 2019, où Vladimir Poutine avait réussi à réunir plusieurs chefs d’Etats africains.
Le fait aujourd’hui est que les autorités de Moscou veulent étendre leur influence en Afrique en se présentant comme une alternative à la France ou aux Etats-Unis dans la lutte contre les groupes djihadistes, ou contre les bandes armées rebelles. C’était déjà le cas en Libye, au Mozambique, au Soudan et en Centrafrique. C’est maintenant le tour du Mali, en attendant de voir si le Burkina Faso sera le prochain sur la liste.
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