C. Tarkov pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 17 09/ Série IV/
(avec Russosphère)

LE GAZODUC POWER OF SIBERIA 2 EN CONSTRUCTION POURRAIT REMPLACER DE FACTO L’ACTUEL NORD STREAM 2 POUR LA RUSSIE

Le gazoduc Power of Siberia 2 en construction pourrait remplacer de facto l’actuel Nord Stream 2 pour la Russie. C’est ce qu’a déclaré le vice-Premier ministre de la Fédération de Russie Alexander Novak dans une interview pour « Russie1 », diffusée le 15 septembre. Le présentateur a demandé à Novak si le Power of Siberia-2, dirigé vers l’est, pourrait remplacer le Nord Stream-2 russe, posé en Allemagne. « Eh bien, en fait, oui », a répondu Novak. Fin juillet, le Premier ministre mongol a annoncé que le pays prévoyait la construction du gazoduc Power of Siberia-2 à travers son territoire en 2024. Il a noté que « l’étude de faisabilité du projet est terminée ». EN JANVIER, L’EDITION BRITANNIQUE DU TELEGRAPH RAPPORTAIT QUE L’ACCORD ENTRE LA RUSSIE ET LA CHINE POUR LA CONSTRUCTION D’UN NOUVEAU GAZODUC AVAIT SUSCITE DE VIVES INQUIETUDES EN EUROPE Selon des experts occidentaux, la construction d’un nouveau gazoduc élargira les opportunités de la Russie sur les marchés mondiaux. En mai 2020, Gazprom a commencé les travaux de conception et d’enquête pour le gazoduc Power of Siberia-2. Selon Aleksey Miller, président du conseil d’administration de la société, l’objectif du projet est de connecter les infrastructures de transport de gaz de l’ouest et de l’est de la Russie, la gazéification en Sibérie orientale. Il a également déclaré que le gazoduc pourrait devenir la base d’un nouveau canal d’exportation à travers la Mongolie vers la Chine avec un volume d’approvisionnement pouvant atteindre 50 milliards de mètres cubes de gaz par an, et que le gaz de Yamal serait fourni à la fois à l’Europe et à l’Asie. Le président russe Vladimir Poutine a demandé de commencer à développer une étude de faisabilité et des travaux de conception et d’enquête pour le nouveau gazoduc à la fin du mois de mars. LA CRISE ENERGETIQUE PARALYSE L’ALUMINIUM EUROPEEN

La hausse vertigineuse des prix du gaz et du pétrole depuis l’automne 2021 frappe de plein fouet l’activité de transformation de la bauxite en aluminium. Résultat, trois géants européens sont en passe d’éteindre leurs hauts-fourneaux énergivores. Les entreprises qui en font des produits finis doivent compter de plus en plus sur la Chine. « Quel est le lien entre Aldel, Slovalco et Alro Slatina? Respectivement néerlandais, slovaque et roumain, ces trois géants européens de l’aluminium brut sont en passe de cesser leurs activités. Ils succombent à la hausse vertigineuse des prix de l’énergie, conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes et des sanctions de part et d’autre. La bauxite, la matière première dont est extrait le métal blanc, est désoxydée et fondue par la combustion dans des hauts-fourneaux énergivores qui doivent être maintenus en activité 24h/24 ».

UN EURO SYMBOLIQUE: LA DOULOUREUSE SORTIE DU GEANT DU PETROLE NORVEGIEN EQUINOR DE RUSSIE

Après de longs mois de négociations, la compagnie pétrolière norvégienne a pu couper tous les cordons qui la liaient à la Russie, au début du mois de septembre. Certains détails commencent à émerger sur ce divorce long et cher : Rosneft a racheté les parts du groupe norvégien pour un euro symbolique !

Un véritable exode. Avec la guerre en Ukraine, de nombreuses entreprises occidentales ont quitté la Russie. Les unes d’un coup, les autres petit à petit.

Pour Equinor, géant norvégien du pétrole, la sortie définitive du pays n’a été actée qu’en début de ce mois, après avoir été initiée le 27 février. La société est ainsi la première compagnie pétrolière occidentale à complètement quitter le pays.

Les coulisses de cette sortie sont désormais connues. Trois sources du secteur décrivent la situation à Reuters. Les négociations, d’abord, ont duré de longues semaines. Les représentants d’Equinor ont négocié avec ceux de Rosneft, le géant russe du pétrole, qui eux devaient rapporter au Kremlin, un adversaire de négociation redouté.

L’accord qui a finalement été trouvé s’avère très cher pour Equinor. Le Norvégien transfère ses passifs et ses engagements d’investissement futurs, valant ensemble un milliard d’euros, à Rosneft. En contrepartie, le Russe rachète les parts qu’Equinor avait dans leurs quatre coentreprises pour un euro symbolique.

Au premier trimestre de cette année, les actifs totaux d’Equinor en Russie étaient encore évalués à 1,1 milliard de dollars. Aujourd’hui, la société n’en a plus aucun. Les sommes totales récoltées pour ces ventes ne seront sans doute jamais communiquées.

Les négociations avec Rosneft ont été clôturées en mai, mais ces détails ne sont révélés que maintenant. Par ailleurs, ce n’est qu’en septembre, avec la vente de la part de 30% qu’Equinor avait dans le champ pétrolier arctique Kharyaga à la compagnie publique russe Zarubezhneft (pour un montant inconnu), que le Norvégien a définitivement quitté le pays. Ses concurrents Shell, BP et Exxon Mobile ont des actifs encore plus importants en Russie, valant des dizaines de milliards de dollars. Les groupes indiquent ne pas trouver d’acheteurs. Les ventes doivent en plus être approuvées par le Kremlin, une mesure décidée dans l’exode général qui a suivi le début de l’invasion russe en Ukraine.

10 ANS DE COOPERATION PERDUE

Cette sortie met fin à une collaboration qui a duré 10 ans. Les deux compagnies avaient passé des accords pour partir à la recherche de pétrole dans le sud du pays, dans le Pacifique et même en Arctique. Par la même occasion, Rosneft a participé dans des projets de recherche au large de la Norvège.

Les deux pays voulaient ainsi relancer leur coopération, après qu’une entente a été trouvée concernant une dispute territoriale. Le tracé de leurs frontières dans la mer de Barents les avait opposés pendant 40 ans, rappelle Reuters.

Depuis 2012 et les premiers accords, la coopération dans l’Arctique a dû être arrêtée, suite aux sanctions après l’annexion de la Crimée, mais la coopération sur d’autres projets a bien continué, notamment en Sibérie. Un méga-projet de plusieurs milliards de dollars a été abandonné, faute d’accord final. Celui-ci prévoyait de forer dans les réserves gigantesques de la Sibérie.

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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