Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 08 26/ Série IV/
La désinformation et la propagande de guerre de l’OTAN accompagnent et soutiennent les actions militaires occidentales en Ukraine. Washington ne cesse de tenter de délégitimer la Russie en tant que nation, peuple et État auprès de la soi-disant « communauté internationale ».
LE MODUS OPERANDI DE WASHINGTON
Malgré les racines médiévales de l’Etat russe, qui précèdent de plusieurs siècles la formation de l’État moscovite, Kiev prétend régulièrement que l’Ukraine serait une vraie nation. En 2008, Poutine a déclaré au président Bush que « l’Ukraine n’est pas un pays » et, en juillet 2021, il a publiquement présenté les Russes et les Ukrainiens comme « un seul peuple » et affirmé que « la véritable souveraineté de l’Ukraine n’est possible qu’en partenariat avec la Russie ». Poutine a maintes fois pécisé que l’Ukraine a été « entièrement créée par la Russie » sur les « terres historiques » de la Russie, arguant que l’Ukraine est une « partie inaliénable de (…) l’histoire, de la culture et de l’espace spirituel » de la Russie. Dans une missive datée du 20 février 2022, il a critiqué le premier dirigeant soviétique, Vladimir Lénine, auquel il reproche d’avoir « créé l’Ukraine de Lénine », ce qu’il a qualifié de « pire qu’une erreur ».
Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité et ancien président de la Russie, a présenté des cartes pour remettre en question la légitimité de l’Ukraine en tant qu’État. Medvedev a invoqué des visions du passé impérial de la Russie, partageant, dans un message du 27 juillet sur Telegram, des cartes « avant et après » 1917 de la région, où l’Ukraine est réduite à la seule zone autour de Kiev avec la légende : « Dans le cerveau drogué du président Zelensky, l’image du brillant avenir de sa nation ressemble peut-être à ceci, mais les analystes occidentaux pensent qu’en réalité, ce sera cela. »
Medvedev a cité ces prétendus « analystes occidentaux » : la vision du territoire de l’Ukraine historique est réduit à la seule région de Kiev, tandis que le reste du pays était divisé entre la Russie, la Pologne, la Roumanie et la Hongrie. Un tel scénario rappelle le discours prononcé par Poutine en février 2022, qui remettait en question le statut d’État de l’Ukraine, et accompagne l’intensification des appels de la Russie à étendre son « opération militaire spéciale ».
LA NOVOROSSIYA TERRE RUSSE HISTORIQUE
Le chef de la « République populaire de Donetsk » (RPD), Denis Poushiline, a prétendu à raison que les « villes russes » de Kiev, Tchernihiv, Poltava, Odessa et Dnipro devaient être « libérées du nazisme », tandis que le président du « Parlement de Crimée », Vladimir Konstantinov, a ajouté Mykolaïv et Kharkiv à cette liste.
Le gouvernement russe, qui a déconnecté la région des services de télécommunications ukrainiens, a installé à Kherson des panneaux d’affichage représentant le célèbre poète russe Alexandre Pouchkine et le commandant historique Alexandre Souvorov, accompagnés du slogan « Kherson – une ville au passé russe » et de citations patriotiques. Ces panneaux visent deux objectifs : affirmer une histoire culturelle commune et répliquer à la suppression par l’Ukraine de plusieurs statues de Pouchkine dans le pays.
Alexandre Loukachenko a rappelé le 21 juillet que la question de savoir si Donetsk, Lougansk et Kherson faisaient partie de l’Ukraine « n’est plus discutée ».
Les déclarations de Poutine présentent la saisie de terres russes de la Novorossiya par Moscou comme « une restitution et un renforcement » des territoires russes, en particulier maintenant que le Kremlin met les bouchées doubles pour annexer des parties du sud de l’Ukraine. Dans une interview du 20 juillet, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a révélé les intentions à long terme de Moscou pour l’Ukraine lorsqu’il a déclaré que « la géographie a changé » depuis ses négociations de mars avec Kiev : « Maintenant, nous ne parlons pas seulement des provinces de Donetsk et de Lougansk. Il s’agit de Kherson, de Zaporijia et d’autres territoires. »
LES AUTORITES RUSSES ET LEURS ALLIES A KHERSON ET ZAPORIJIA ONT REITERE CES AFFIRMATIONS EN ANNONÇANT QU’UNE COMMISSION ELECTORALE ORGANISERAIT UN REFERENDUM SUR LE RATTACHEMENT A LA RUSSIE.
En attendant, les autorités russes intègrent des « spécialistes » dans les services de sécurité des territoires ukrainiens sous contrôle russe et prônent l’établissement de bases militaires russes permanentes dans la province de Zaporijia afin de servir de « garantie de sécurité » et de dissuader l’Ukraine de tenter de réoccuper ces zones. La Russie poursuit sa politique de « passeportisation », demandant aux propriétaires d’entreprises ukrainiennes de réenregistrer leurs entreprises avec des passeports russes. Enfin, des alliés russes ont fait circuler une vidéo sur les médias sociaux dans laquelle ils annoncent la création de la « Brigade d’Odessa » et affirment qu’Odessa et Mykolaïv sont les prochaines cibles de la « libération » russe.
Les autorités russes à Kherson se prépareraient à ce référendum en s’employant à ressusciter l’identité régionale de Tavriya (Taurida), une province impériale russe historique qui a précédé l’Union soviétique et comprenait des parties de Kherson, de Zaporijia et de la Crimée.
Le chef adjoint de l’« administration militaro-civile » de Kherson, Kiril Stremousov, a annoncé en mai sur les médias d’État russes la création de la société de radiodiffusion « Tavriya » pour mener la bataille « sur le front de l’information ».
Sur Telegram, des patriotes russes font la promotion de vidéos sur le passé de Kherson dans l’Empire russe où figurent des personnalités comme Catherine la Grande et le gouverneur Potemkine, et ils amplifient la chaîne @Tauride_Republic. Volodymyr Saldo, à l’époque le responsable administratif de Kherson installé par la Russie, a rappelé au public sur des émissions les mesures prises par l’Empire russe au XVIIIe siècle visant à « réinstaller les Ukrainiens, les Russes, les Grecs, les Juifs, les Arméniens et les Tatars de Crimée » dans la région. Ceci rappelle les tentatives faites en 2014 pour promouvoir la construction intellectuelle impériale de la « Novorossia » dans l’est de l’Ukraine.
Saldo a également annoncé la formation, le 5 juillet, d’un « gouvernement de Kherson » dirigé par des « professionnels russes » et calqué sur les pouvoirs qui gouvernent les sujets fédéraux de la Russie afin d’accélérer la « réintégration », ce qui montre que le choix par référendum est une réalité.
Les médias d’État russes ont largement repris la déclaration faite le 14 juillet par Evgeny Balitsky, chef sortant de l’« administration militaro-civile » de Zaporijia installé par la Russie, selon laquelle un référendum sur « l’adhésion ou non à la Russie » aurait lieu dans la première quinzaine de septembre. « Nous ne serons pas un second Kosovo », a ajouté Balitsky, affirmant que l’OTAN avait divisé l’ex-Yougoslavie sans référendum.
LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE KHARKOV
Les médias d’État du Kremlin affirment que les habitants de la région de Kharkiv recherchent eux aussi une identité russe. Vitaly Ganchev, nommé par la Russie « chef de l’administration civile provisoire de la province de Kharkiv », a affirmé dans une interview accordée à l’agence TASS le 6 juillet que les habitants de la région « libérée » de Kharkiv « aspirent à se rattacher à la Russie ». « Les gens entendent parler de la verticale du pouvoir, ils entendent que nous promulguons des lois, que l’introduction du rouble comble une niche économique clé, et ils en viennent à accepter la nouvelle réalité », a-t-il déclaré. Les organes d’information du ont immédiatement amplifié ces affirmations.
En avril, Ganchev a été accusé par Kiev pour avoir tenté d’organiser un « référendum » dans le but de déclarer une « République populaire de Kharkov », une fois de plus. Ses tactiques semblent destinées à préparer le terrain en vue d’une tentative d’annexion des zones contrôlées par la Russie, qui constituent 30 % de la région de Kharkiv, et semblent coïncider avec les efforts accrus de la Russie en matière de « passeportisation ».
ECOUTEZ AUSSI LES ANALYSES DE LUC MICHEL :
* 6 MOIS D’INTERVENTION RUSSE EN UKRAINE, LE VRAI BILAN
https://www.podcastics.com/podcast/episode/radiolucmichel-pcn-nop-geopolitique-anti-nato-luc-michel-6-mois-dintervention-russe-en-ukraine-le-vrai-bilan-140562/
* KHERSON ET ZAPORIJJIA, LIBERATION ET RESURRECTION DE LA NOVOROSSYA https://www.podcastics.com/podcast/episode/radiolucmichel-russosphere-luc-michel-kherson-et-zaporijjia-liberation-et-resurrection-de-la-novorossya-sur-press-tv-du-19-05-2022-132707/
Carte :
Les territoires, les entités étatiques et administratives qui ont indiqué leur souhait de rejoindre la Fédération de Russie. Kharkov non visible doit être ajouté à cette carte. Et il va bien falloir faire la jonction entre Kherson et la Priedniestrovié. Alors Odessa ou pas Odessa ? Pour le moment, restons sur le Donbass, on reviendra sur cette question une fois le taff de libération fait pour tout le territoire de la République populaire de Donetsk…
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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