Sur le Journal de Press TV du 18 08 2022 :
Le Mali a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU pour faire cesser ce qu’il présente comme des «actes d’agression» de la France. Bamako dénonce notamment des violations de sa souveraineté ainsi qu’un présumé soutien français à des groupes terroristes.
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications et la chronologie du dossier.
LE MALI DEMANDE UNE REUNION D’URGENCE DU CONSEIL DE SECURITE SUR LES «ACTES D’AGRESSION» FRANÇAIS
Le ministère malien des Affaires étrangères évoque des «violations répétitives et fréquentes» de l’espace aérien national par les forces françaises.
Le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une réunion d’urgence pour faire cesser ce qu’il présente comme «les actes d’agression» de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté selon lui aux groupes djihadistes et d’espionnage. Avec ces accusations, le gouvernement dominé par les militaires fait franchir un nouveau degré à l’escalade verbale de ses incriminations contre la France.
Ces dernières manifestations de la détérioration des relations coïncident strictement avec le départ du dernier soldat français au Mali après neuf ans d’engagement contre les djihadistes. La junte au pouvoir au Mali depuis le putsch d’août 2020 s’est détournée de la France et de ses alliés pour se tourner vers la Russie. L’armée française, poussée vers la sortie, a quitté successivement et transféré aux autorités maliennes ses différentes bases au Mali, la dernière lundi à Gao. Les Russes semblent n’avoir pas traîné. Le gouvernement allemand a indiqué mercredi disposer d’informations selon lesquelles environ 20 à 30 personnes, probablement des Russes en uniforme, ont été repérées en train de décharger un avion sur l’aéroport de Gao le jour du départ français.
L’aéroport jouxte immédiatement le périmètre qui incluait la base française, et comprend aussi le camp de la mission de l’ONU (Minusma), avec un fort contingent allemand. Du même jour date une lettre adressée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l’ONU. La lettre, transmise mercredi à des journalistes par ses services et abondamment reproduite sur les réseaux sociaux, dénonce les «violations répétitives et fréquentes» de l’espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois, et les vols d’appareils français se livrant à «des activités considérées comme de l’espionnage» et des tentatives «d’intimidation».
Ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions »
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires
Les autorités maliennes disposent «de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions», ajoute Abdoulaye Diop. Il laisse entendre que les Français pourraient avoir transporté par hélicoptère deux membres d’un groupe djihadiste début août dans la région de Tombouctou. Le Mali «invite» le Conseil de sécurité à œuvrer pour que la France «cesse immédiatement ses actes d’agression» et demande à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité en vue d’une réunion d’urgence, indique Abdoulaye Diop.
Le Mali «se réserve le droit de faire usage de la légitime défense» si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.
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