Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 06 05/ Série IV/
Depuis ce 24 février, la marine nationale française n’est plus présente en mer Noire, car la convention de Montreux qui, depuis près de 80 ans, régit le passage du détroit du Bosphore, permet à la Turquie d’en bloquer l’accès en cas de conflit : « Elle observe néanmoins avec acuité les mouvements dans cette étendue d’eau devenue presque exclusivement russe » avoue RFI.
La flotte de la mer Noire fut successivement la flotte de la marine impériale russe (de 1783 jusqu’en 1917), puis de la marine soviétique (de 1921 à 1991) et enfin de la marine russe (depuis 1996), présente dans la mer Noire.
Après cent jours de guerre en Ukraine, Moscou, « bien que les détroits soient fermés, continue de faire circuler ses sous-marins entre son port de Sébastopol et celui de Lattaquié, en Syrie. Ils appartiennent à la flotte de la mer Noire, font-ils valoir, donc ils peuvent transiter et Ankara laisse faire ».
Seconde analyse, la flotte de la mer Noire, composée de 50 bâtiments dont quatre sous-marins d’attaque de classe Kilo, reste une menace pour l’OTAN.
La flotte russe fait le blocus sur Odessa, elle en bloque l’accès. Une centaine de mines a été mouillée, dont cinq auraient dérivé. Et la marine russe, désormais solidement implantée sur l’île des Serpents, contrôle le golfe d’Odessa, profitant du vide laissé par les autres marines et du fait que l’Ukraine ne possède pas de navires de guerre.
Pour permettre aux navires marchands d’exporter les céréales ukrainiennes, il est donc obligatoire de mettre en place un corridor maritime non militarisé. Le faire sans l’accord des Russes semble hasardeux, disent de hauts gradés, précisant dans cette mer Noire, devenue un lac russe, il est important de maîtriser l’escalade de la violence.
LE GRAND ECART DE LA TURQUIE EN MER NOIRE
« La Turquie a officiellement reconnu, ce dimanche 27 février, « l’état de guerre » entre la Russie et l’Ukraine. Cette reconnaissance l’autorise, en vertu de la convention de Montreux, à limiter l’accès des belligérants aux détroits qui ouvrent vers la mer Noire. Depuis le début de l’agression russe, l’Ukraine appelle en vain la Turquie à fermer le détroit des Dardanelles et celui du Bosphore aux navires russes ». Tout en soutenant Kiev, la Turquie se montre jusqu’ici particulièrement soucieuse de ne pas fâcher Moscou.
La convention de Montreux de 1936 est claire : « en temps de guerre, les navires des puissances belligérantes ont interdiction de circuler dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore, qui permettent le passage de la mer Méditerranée à la mer Noire, et inversement. Et c’est à la Turquie que revient le contrôle de ces voies stratégiques ». Une exception est inscrite dans la convention : si ces navires regagnent leur port d’attache, auquel cas, ils ont le droit de franchir les détroits.
À court terme, une telle mesure ne rédut pas significativement la force de frappe de la Russie, qui avait déjà renforcé sa flotte en mer Noire avant d’attaquer l’Ukraine. que la Turquie se refuse, par exemple, aux sanctions.
LA TURQUIE CONDAMNE L’ATTAQUE RUSSE MAIS RESTE PRUDENTE
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a dénoncé « l’attaque russe », s’est entretenu par téléphone le samedi 26 février avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans le même temps, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a téléphoné à son homologue russe, Sergueï Lavrov, appelant Moscou à mettre fin à son offensive. Membre de l’Otan, la Turquie tente de conserver une position particulièrement prudente.
D’un côté, il y a des condamnations fermes. Recep Tayyip Erdogan l’a dit plusieurs fois : la Turquie considère l’offensive russe en Ukraine comme « inacceptable », comme une « violation claire du droit international ». Il a même accusé l’Occident, l’Union européenne et l’Otan en particulier, de ne pas avoir de « position sérieuse » et « d’action déterminée », de se contenter de « donner des conseils à l’Ukraine ».
D’un autre côté, le chef de l’État turc se montre lui-même très prudent, plus prudent à bien des égards que cet Occident qu’il critique. La Turquie refuse de se joindre aux sanctions contre Moscou. Elle s’est abstenue lors du vote au Conseil de l’Europe qui a suspendu les droits de représentation de la Russie. Et malgré les demandes répétées de l’Ukraine, elle reste très réticente à interdire le passage des navires de guerre russes vers la mer Noire par ses détroits – celui du Bosphore et celui des Dardanelles.
En fait, depuis que la Russie a attaqué l’Ukraine, la Turquie, 2e armée de l’OTAN, tente de résoudre une équation impossible : témoigner aux Ukrainiens un soutien sans ambiguïté… Mais sans rien faire qui nuirait trop à ses relations avec la Russie. Ankara continue ainsi d’appeler au « dialogue » entre Kiev et Moscou, et de proposer sa médiation.
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou, Téhéran et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
* WEBSITE http://www.lucmichel.net/
LUCMICHEL-TV https://vk.com/lucmicheltv
RADIO.LUCMICHEL
https://www.podcastics.com/podcast/radiolucmichel/
TWITTER https://twitter.com/LucMichelPCN
FACEBOOK https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/