Alors que l’armée malienne a indiqué avoir éliminé plus de 200 terroristes à Moura, un village du centre, cette version des faits est très fortement contestée.
Au Mali, les questions subsistent apres l’operation menee la semaine derniere a Moura, dans le centre du pays, par les Famas, l’armee malienne et des militaires de Wagner. Au Mali, les questions subsistent après l’opération menée la semaine dernière à Moura, dans le centre du pays, par les Famas, l’armée malienne et des militaires de Wagner. Au centre du Mali, les forces armées maliennes (FAMAs) ont annoncé, dans un communiqué, vendredi 1er avril, avoir neutralisé « 203 combattants » de « groupes armés terroristes » lors d’une opération dans une zone sahélienne du centre du Mali menée du 23 au 31 mars. Cette opération a été menée dans le cadre de l’opération Kélétigui (« celui qui fait la guerre » en bambara) lancée fin 2021, et pour laquelle plusieurs dizaines de soldats russes et maliens sont sur le terrain.
Dans cette zone où le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une branche locale d’Al-Qaïda, est très actif, se trouve un village, nommé Moura, à 17 kilomètres au nord-est de Kouakjourou dans le cercle de Djenné.
QUE S’EST-IL EXACTEMENT PASSÉ ?
Difficile de le dire tant les versions divergent désormais entre l’armée malienne et les nombreux témoignages recueillis par les organisations locales et internationales, ainsi que par des médias. L’Agence France-Presse n’était pas en mesure de vérifier le moindre bilan avancé par l’armée malienne. Mais, vendredi déjà, l’état-major du Mali invitait « les populations à la retenue contre les spéculations diffamatoires à l’encontre » des forces armées maliennes. Car, à propos de ces opérations, très rapidement, plusieurs publications sur les réseaux sociaux évoquent « un massacre de civils » dans le même village. Une semaine après les faits, des zones d’ombre persistent. Mais ces derniers mois, les accusations d’exactions se multiplient contre l’armée malienne et les mercenaires du groupe Wagner.
La France s’est ainsi dite « préoccupée par les informations faisant état d’exactions massives dans le village de Moura par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner, et qui auraient causé la mort de centaines de civils », a indiqué un communiqué du Quai d’Orsay. Elle « appelle à l’ouverture rapide d’enquêtes nationales et internationales pour établir les responsabilités de ces actes et traduire en justice leurs auteurs » et « s’inquiète de la multiplication des exactions au centre du Mali depuis le début de l’année 2022 et de l’impunité dans laquelle celles-ci se déroulent ».
La diplomatie française souligne enfin que « la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel ne saurait en aucun cas justifier des violations des droits de l’homme » qui « ne font que renforcer ces groupes ». Ces déclarations interviennent dans un contexte où la force française antidjihadiste Barkhane est en train de se retirer du Mali après des mois de détérioration de ses relations avec Bamako.
À Bruxelles, le haut-représentant de l’Union européenne Josep Borrell a jugé lui aussi « très préoccupantes » lundi les informations sur « la mort de centaines de personnes dans le village de Moura ». « Il est essentiel que la Minusma (Mission de l’ONU) puisse avoir accès aux lieux des événements afin d’épauler les autorités de transition dans leur enquête », a-t-il ajouté. « Le comportement exemplaire de l’État et de ses forces de sécurité dont le mandat premier est de protéger les populations civiles ne peut souffrir d’aucune exception. ». « La lumière doit être faite sur les conditions des opérations antiterroristes ces dernières semaines au Mali », a renchéri le président du Conseil européen Charles Michel, qualifiant de « troublants » les « témoignages sur les décès de centaines de personnes ».
IDEM DU CÔTÉ DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT AMÉRICAIN, QUI AVAIT JUGÉ DIMANCHE « EXTRÊMEMENT DÉRANGEANTES » CES ALLÉGATIONS, EN CITANT ELLE AUSSI LA SOCIÉTÉ WAGNER.
« Ces informations contradictoires illustrent le besoin urgent pour les autorités de transition malienne de donner un accès libre, sûr et sans entrave aux enquêteurs dans la zone où ces événements tragiques se sont déroulés. » Les violences djihadistes ont fait des dizaines de morts civils au cours des dernières semaines dans le centre-est du Mali et la région dite des trois frontières (entre Mali, Niger et Burkina Faso), selon la Minusma.
Luc Michel, géopoliticien nous en dit plus.
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