2023 02 2
Avec Press TV
Les Intentions De La Russie Et La Chine Concernant Les Bases Navales Pourraient Compromettre La domination Maritime occidentale sur le Continent.
Alors que les transports de troupe blindés et les chars d’assaut russes prenaient la route de l’Ukraine, le général soudanais Mohamed Hamdan Dogolo, appelé aussi Hemidti, se réunissait à Moscou avec Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
Hemidti, numéro deux pro-russe du Conseil de souveraineté soudanais, et d’autres chefs nationaux étaient venus avec le désir de renforcer la coopération entre les deux pays. Pendant sa visite de huit jours, on signale qu’Hemidti a relancé la possibilité d’établissement d’une base navale russe sur la côte de la mer Rouge, au Nord de Port-Soudan, ce qui donnerait au président Vladimir Poutine une présence navale africaine très convoitée, dans une raison de plus en plus stratégique et fréquentée.
De l’autre côté du continent dans le golfe de Guinée, le gouvernement chinois est engagé depuis des dizaines d’années avec la Guinée équatoriale, principalement par l’intermédiaire de projets d’infrastructure. Il semble maintenant œuvrer pour établir une base navale permanente, très probablement au port de Bata sur le continent.
Ce port possède deux quais commerciaux, dont chacun pourrait accueillir tout navire de la Marine de l’Armée populaire de libération chinoise (PLAN), selon un article de décembre 2021 par le Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS).
LE PORT EST FAIT SUR MESURE POUR LES BESOINS DE LA CHINE.
Une installation pétrolière adjacente rend commode le ravitaillement en carburant et une aire d’entrepôt facilite les travaux de réapprovisionnement. En fait, c’est la First Harbor Engineering Co. de la société China Communications Construction Co. qui a construit le port en 2014, et c’est la China Road and Bridge Corp. qui l’a mis à niveau plus tard. Son financement a été fourni par la Banque chinoise d’importation et d’exportation.
La Chine a même construit la centrale hydro-électrique qui fournit une alimentation électrique à la majorité des installations portuaires.
« La Chine a renforcé ses liens de défense et de sécurité avec la Guinée équatoriale, directement grâce à des engagements bilatéraux et indirectement en développant ses activités dans le golfe de Guinée, selon le rapport du CSIS. En 2014, la PLAN a commencé à faire escale dans les pays du golfe et a conduit ses premiers exercices anti-piraterie avec les marines locales. De 2014 à 2019, la Chine a effectué 39 échanges militaires avec ses homologues du golfe. Beaucoup d’entre eux concernaient les bâtiments de la PLAN engagés dans des opérations anti-piraterie. »
UNE BASE NAVALE SUR LA CÔTE D’AFRIQUE DE L’OUEST FOURNIRAIT À LA CHINE UN COMPLÉMENT À SA BASE MILITAIRE DE DJIBOUTI ÉTABLIE EN 2017.
À Djibouti, la Chine a rejoint l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni en établissant des bases le long du corridor stratégique entre Suez, la mer Rouge et le golfe d’Aden.
LES EFFORTS RUSSES ET CHINOIS VISENT À RENFORCER LEUR PRÉSENCE NAVALE LE LONG DU LITTORAL DU CONTINENT.
Les liens entre le Soudan et la Russie n’ont rien de nouveau. Lorsque le président Poutine avait invité les leaders africains à une conférence au sommet à Sochi en 2017, Omar el-Beshir, le président soudanais de l’époque, avait déclaré que « le Soudan deviendrait la clé de la Russie en Afrique », selon les propos de Mohammed Elnaiem, activiste soudanais basé à Londres, au service médiatique allemand Deutsche Welle.
L’experte du Soudan Kholood Khair déclare que le Soudan est stratégiquement important pour la Russie parce qu’il « est situé à la confluence » du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du bassin de la mer Rouge. Une telle base offrirait au Kremlin un éventail de nouveaux avantages géopolitiques, selon elle.
Mme Khair, fondatrice et directrice associée d’Insight Strategy Partners (groupe de réflexion de politique soudanais à Khartoum), a déclaré à ADF : « Une base sur la mer Rouge pour la Russie lui permettrait d’avoir une présence entre deux points d’étranglement internationaux, le canal de Suez et le détroit de Bab-el-Mandeb entre le Yémen et la Somalie. Et cela lui permettrait donc de pouvoir potentiellement contrôler, sinon influencer, une partie du commerce qui les traversent, et aussi d’étendre son commerce, y compris bien sûr l’envoi des ressources en Russie, par exemple l’or extrait non seulement du Soudan mais de la République centrafricaine, du Mali, etc. »
On signale que la base proposée accommoderait des navires à propulsion nucléaire et serait à la disposition de la Russie pour 25 ans, avec des opportunités de renouvellement incorporées. Elle pourrait ravitailler en carburant les navires russes et alliés.
Pour le Soudan, son alignement avec la Russie constitue une opportunité renouvelée au Soudan avec des généraux tels que Hemidti et Abdel Fattah al-Burhan comme leaders. Et la Russie offre au Soudan une alliance importante qui ne fera pas pression pour respecter les droits de l’homme ou la gouvernance démocratique, déclare Mme Khair.
La Russie offre donc des marchés pour son or et renforce le statut financier du Soudan.
« Pour le mouvement pro-démocratique pro-uUS, c’est une mauvaise nouvelle, dit Mme Khair. Cela signifie que le rôle des généraux est quelque peu renforcé extérieurement par un patron comme la Russie qui ne voit pas non plus de raison de cultiver une sorte quelconque de volonté démocratique. »
MANŒUVRES RUSSO-SINO-SUD-AFRICAINES DANS L’OCÉAN INDIEN
Les bâtiments de guerre de Russie, de Chine et d’Afrique du Sud ont commencé la phase active des manœuvres menées dans l’océan Indien. Cela a pour but d’améliorer la coordination des militaires des trois pays en vue d’assurer la sécurité dans la région.
« Les navires sud-africains, chinois et russes participant aux manœuvres navales Mosi-2 dans l’océan Indien ont entamé la phase active des exercices », a annoncé le 25 février le ministère sud-africain de la Défense.
Les équipages des trois pays ont entamé l’exécution des opérations élaborées lors des préparatifs.
La phase active des exercices s’achèvera le 27 février. Elle prévoit des tirs d’artillerie, le repoussement d’attaques aériennes de l’ennemi fictif, des actions antiterroristes, des manœuvres techniques et des assistances techniques à un navire en détresse. (Regarder la vidéo ci-jointe publiée par Sputnik)
Selon un responsable de la défense sud-africaine, le but des manœuvres consiste à améliorer la coordination et la coopération entre les marines de guerre des trois pays participants. Les exercices Mosi-2 serviront de plate-forme pour un échange de connaissances militaires, de savoir-faire et d’expérience opérationnelle pour les militaires de Russie, de Chine et d’Afrique du Sud.
La Russie a engagé dans ces manœuvres la frégate Amiral Gorchkov et le pétrolier moyen Kama, la Chine, un destroyer, une frégate et un navire auxiliaire, l’Afrique du Sud, une frégate et deux navires auxiliaires.
Au début des exercices, Tan Kefei, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, avait déclaré que ceux-ci renforceraient la capacité de toutes les parties concernées à assurer conjointement la sécurité maritime.
DE GRANDES NATIONS DU SUD GLOBAL N’HESITENT PAS A REAFFIRMER LEUR AUTONOMIE ET LEUR SOUVERAINETE.
C’est notamment le cas de l’Afrique du Sud, qui, un an après le début du conflit, décide de se retrouver dès ce 24 février 2023 aux côtés des forces navales russes pour dix jours d’exercice conjoints dans l’Océan indien. Si cette démarche sud-africaine n’est pas inédite, elle confirme néanmoins la volonté ferme d’assoir l’indépendance diplomatique du régime de Pretoria.
L’ANC, le Congrès national africain, au pouvoir en Afrique du sud, garde en effet en mémoire le soutien soviétique au mouvement de libération. A l’inverse, certains pays occidentaux comme la Grande-Bretagne ont longtemps été hostiles aux organisations qui luttaient contre l’apartheid. « L’ANC est loyale envers ses anciens alliés, rappelle la journaliste indépendante et spécialiste de l’Afrique du sud Sabine Cessou, dont la Russie évidemment, qui a été l’un des premiers pays à lutter contre l’apartheid, à former des Sud-Africains en les accueillant en Russie, l’URSS à l’époque, et à les former militairement… Cette histoire-là ne peut pas s’oublier. »
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